La mort est inéluctable ? Pourquoi ne pas aller rire avec elle, en jouant avec les mots d’Anne de Peufeilhoux à la Comédie Nation.

La mort est inéluctable ? Pourquoi ne pas aller rire avec elle, en jouant avec les mots d’Anne de Peufeilhoux à la Comédie Nation.
Adrien, Bernard. Associés et amis. Jusqu’à ce qu’Adrien ne puisse être là pour les cinquante ans surprise de Bernard, c’est le soir de la réunion de son club. Le point de départ d’une leçon de vie pétillante et explosive.
Un conte des frères Grimm, adapté d’une façon esthétique, joué avec conviction, une idée de sortie pour les vacances de Pâques.
12 projecteurs à la lumière caustique, 12 coups de pinceaux aux couleurs tendres, voilà les 12 pièces très très courtes données par la compagnie Sevane à la Comédie Nation.
J’ai pris un vrai plaisir à rire du début à la fin de Folies Mania à la Comédie Nation. Du bon rire qui fait du bien, du rire de bon goût, mélange de cabaret et de music-hall. Une sorte de Flying Circus à la française, l’enfant bonhomme des Monty Python pour l’univers burlesque et saccadé, de Raymond Devos pour l’absurdité des mots.
Un spectacle onirique qui rêverait la façon dont Alice (celle du livre) est née de l’imagination de Charles Dodgson (alias Lewis Caroll) et de ses lettres à Alice (la fille du Doyen ) ? Le voilà, il est à la Comédie Nation.
En une phrase : un homme se réveille sans aucun souvenir de la nuit qui vient de s’écouler, et s’imagine, à la lecture du journal du matin, être le meurtrier d’une charbonnière.
Très agréable moment à la Comédie Nation, hier soir.
Je crois qu’on peut jouer avec un texte, le transformer, en gardant les émotions (ou les idées) que l’auteur a voulu transmettre (ou du moins celles que l’adaptateur a éprouvées). Là, j’ai été servi, le texte n’est pas dit. Il est là, il rythme la pièce, on sent qu’il se déroule dans la bouche des acteurs, qu’ils ne le prononcent pas, qu’ils rajoutent de l’énergie dans l’expression de leurs émotions. Comme dans un vieux film muet, ils se figent parfois, comme dans un vieux film muet, l’action se fige et des surtitres donnent une explication, un éclairage, quand c’est par trop nécessaire.
La mise en scène de Sylvain Fougères situe la pièce dans un espace temps indéfini, une décoration Art Déco, un mode de vie fin dix-neuvième siècle, un épilogue tout début vingtième, on est hors du temps et de l’espace. J’ai été convaincu par le jeu de Sylvain Fougères (Lenglumé) et d’Emmanuelle Guesde (Norine). Je me demande encore si, comme dans une pièce classique, le rythme du jeu commandait la régie, ou si les acteurs « dansaient » sur la bande sonore.
Prendre une pièce, même courte, garder le rythme du vaudeville sans prononcer le texte, c’est un vrai défi pour l’attention, qui ne peut se relâcher (heureusement, il y a quelques séquences en ombre chinoise bienvenues pour la reposer). Je me suis pris à cette attention, au point d’être presque déstabilisé par la scène finale, quand les choses retournent à la normalité.
Bref bravo à l’équipe de W!P qui a mené à bien ce projet, c’est forcément un pari, je le trouve réussi.