Tant qu’on vit à la Comédie Nation : finement dirigé par Anne de Peufeilhoux, Eric Pujol, tendre et pudique, confronte la lâcheté de son père à deux moments un peu tabous, coming out et fin de vie. Un spectacle apaisant qui vous fera réfléchir.
Sur la scène, un lit médicalisé, une chaise, un fauteuil roulant. Du fond de la salle, un homme en casquette et blouson de daim. Gabriel, c’est quoi cette histoire ? Tu as 17 ans, qu’est-ce que tu connais à la sexualité ? … Je ne veux plus jamais te revoir. Le temps d’un noir, 25 ans se déroulent. Salut, je viens de voir ton médecin…
A 17 ans, Gabriel a voulu dire à ses parents qu’il était gay. Des parents séparés, un père aux abonnés absents, deux réactions très différentes. Maintenant, Gabriel est infirmier, dans un service de soins palliatifs. Il n’a jamais revu son père, il vient lui rendre une dernière visite. Son père est en phase terminale d’un cancer, il est endormi. Gabriel lui parle une dernière fois. Il lui raconte sa vie. Comment il a travaillé pour financer ses études. Des rencontres lumineuses avec des patients qui s’éteignaient, les conseils de vie que certains lui ont donnés. Il exprime sa colère, les mots qui lui rongent le cœur.
Eric Pujol a écrit et interprète un texte très personnel. Gabriel, son personnage, pris entre l’intimité de sa colère, son besoin de dire au moins une fois, et son expérience d’infirmier, il est dans un domaine connu. Il y a beaucoup de pudeur dans ce texte qui pose son regard sur deux moments qu’on ne sait pas vraiment comment aborder, le coming out, la mort.
Il est porté par une très jolie mise en scène d’Anne de Peufeilhoux. On l’imagine utiliser dans sa direction d’acteur les réactions d’Eric Pujol, sa colère viscérale rentrée quand il s’agit de son père, sa bienveillance naturelle quand il est l’infirmier, les rediriger. Elle dompte le rythme, joue de la lumière, donne aux mots le temps de traverser le silence jusqu’au cœur du spectateur.
Tant qu’on vit raconte de façon tendre et pudique l’histoire de Gabriel qui confronte la lâcheté de son père dans deux moments compliqués, coming out, et fin de vie. Il en sort apaisé, le spectateur repart dans sa réflexion personnelle.
A La Comédie Nation jusqu’au 12/04/24
Vendredi : 19h00
Durée : 1h00
Texte : Eric Pujol
Avec : Eric Pujol
Mise en scène : Anne de Peufeilhoux
Compagnie : En bonne Cie
Visuel : Cyril Mouty
Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com
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Je n'ai qu'une vie - Des émotions à partager 