Avec une esthétique à la Antonioni, le collectif LOUVES présente Infini Blanc, qui explore la façon dont les principes, les blessures et la culpabilisation se transmettent de génération en génération, de mère en fille.

La salle est en rond, autour de la scène. Le sol rappelle un carrelage, carreaux beige et noir. Un lit, un fauteuil, une porte. Une baignoire, un bureau, un lavabo. Dans Infini Blanc, il y a trois personnages, une mère, une fille, une soignante. Est-ce la mère qui est hospitalisée, ou est-ce la fille, peut-être le sont-elles chacune leur tour, et pourquoi ? Veulent-elles se parler ? Ont elles quelque chose à partager ? D’où viennent-elles ?
Infini Blanc va explorer ces champs, le devoir, la culpabilisation. La transmission des principes et des blessures. Deux vies en miroir, dans un cycle sans fin.
Une fois n’est pas coutume, je suis rentré dans Infini Blanc par la scénographie, avant même que la pièce commence, l’organisation de la scène est venue chercher ma curiosité. J’ai reçu Infini Blanc comme un film d’Antiononi. L’esthétique est travaillée, essentielle. Chaque scène se reçoit clairement, l’une est la fille, l’autre la mère. Changement de scène, de lumière, les personnages ont changé d’actrice, de position, la scène est en place, tout aussi claire. L’ensemble devient confus, comme est confuse une personne qui se raconte, enfin la mémoire revient, une histoire se dévoile, est-ce la bonne ? Le cerveau est une machine bien faite, qui protège de cet ensemble principes-blessures-culpabilisation. Faut-il vraiment retrouver la mémoire ?
C’est une sortie de résidence, Infini Blanc est solide, la pièce tient la route. Elle est peut-être un peu courte, mériterait vingt minutes de plus, qui lui permettraient d’explorer certaines pistes que l’arc narratif ignore, j’en suis sorti un peu frustré. Un peu amusé, aussi, de la façon dont la mise en scène tire parti de toutes les possibilités du lieu.
Les Louves est un collectif de femmes qui travaillent ensemble, leur mot clé est la sororité. Avec Infini Blanc, elles franchissent un seuil de maturité et de réalisme. Sodome Ma Douce avait montré que le collectif fonctionnait, qu’il avait une belle capacité créative, la distribution nombreuse rendait la pièce difficile à diffuser. Avec So3urs, elles avaient exploré le champ de l’écriture. Infini Blanc est une pièce achevée. Une belle scénographie, un texte, une mise en scène et un jeu qui sont solides, une distribution qui permet une vraie diffusion.
Bravo, les Louves.
Aux Plateaux Sauvages – 17-18 septembre 2020 à 19h00 et 21h00
Reprise : Samedi 12 juin 2021 – 18h00 et 21h00 – Festival SCENOSCOPE – MC93 (Bobigny)
Texte et mise en scène : Lisa Mondon
Avec : Caroline Fontant, Lola Gutierrez, Inès Latorre, Laure Marion
Scénographie : Clémentine Stab
Assistanat à la construction ; Florie Toffin
Costumes : Lucigaël Vaïti
Création lumières : Anne Marchais
Création sonore : Pablo Piette
Une réflexion sur “Infini Blanc – Collectif Louves”