Hier, j’ai vu Fabrice Luchini sur scène. Enfin, j’ai vu Olivier Sauton être Fabrice Luchini, et c’était une superbe mise en abîme.
Fabrice Luchini et moi, c’est l’histoire d’une rencontre qui a eu lieu, de la suite qu’elle aurait pu avoir, de la conclusion qu’elle a eue. Au cœur d’une nuit d’il y a un temps, Olivier Sauton a croisé Fabrice Luchini, et lui a demandé une fable de La Fontaine. Le voyage initiatique qui s’en est suivi n’existe que sur scène, il se répète soir après soir.
Il y a la magie du jeu, Olivier Sauton est tour à tour Olivier et Fabrice, l’un est jeune et enthousiaste, l’autre surpris et curieux. On reconnaît l’un, on devine l’autre. Le texte est ciselé, je riais du ton sentencieux et des phrases pompeusement définitives que mon imaginaire met dans la bouche de l’un, de la spontanéité inculte et obsédée par les filles de l’autre, et puis au fil des trois leçons ils se découvrent, s’apprivoisent, se comprennent, convergent. L’un découvre la puissance des textes, l’autre le guide dans la découverte de la vie.
Jusqu’à la conclusion, quand Luchini est venu voir la pièce, le choc de sa découverte, est-on encore dans l’uchronie, est-on revenu dans une réalité, est-ce important, au fond, j’étais là pour savourer un grand numéro d’acteur, j’ai admiré, je me suis régalé.
Baroudeur était là, qui ne connait pas Luchini, je l’ai suivi dans son voyage, il souriait simplement de l’initiation d’Olivier par Fabrice, il connait Molière mais pas le Misanthrope, il connait déjà la Cigale et la Fourmi, on peut redécouvrir un texte avant d’avoir huit ans.
Théâtre La Bruyère du mercredi au samedi à 19:00