Pourquoi Panique ? En l’honneur du dieu Pan, le dieu de l’amour, de l’humour, et de la confusion. Avec la touche de Non Sense qu’y ajoute l’Ours à Plumes, je me suis laissé emporter dans une succession de rêves, chaotiques et démesurés, avec une touche de brutalité amoureuse.

Le texte est d’Alejandro Jodorowsky, oui, le scénariste de BD (les Meta Barons, les Technopères…), le porteur d’une adaptation onirique mais avortée de Dune au cinéma, un texte surréaliste, quinze petites scènes, quinze situations, quinze histoires, dans chacune les personnages sont placés face à une mécanique implacable à laquelle ils ne peuvent échapper.
Voilà deux pessimistes désespérés d’être d’accord, ou deux optimistes n’arrivant pas à trouver un point de désaccord. Un maître qui cherche un ordre à donner à ses serviteurs, malheureusement donner des ordres est son seul plaisir dans la vie. Une femme avec un fusil, qui tire sur l’inconnu à qui elle a demandé d’appuyer sur la gâchette, pour lui démontrer qu’elle est capable, elle, de tirer sur un inconnu. Un homme rencontre sa femme idéale.
Mise en scène par Ida Vincent (le maître de cérémonie à la casquette Holmesque sur son escabeau) la compagnie L’Ours à Plumes ajoute au texte surréaliste une belle dose de Non Sense qui amplifie l’effet du voyage, comme si Monthy Python jouaient Arabal ou Topor. Aline Barré, Tullio Cipriano, Cécile Feuillet, Johan Proust enchainent les situations, les rôles, une scène sur laquelle il n’y a que quatre tabourets et deux cuatro, quelques accessoires (dont un fusil) et aliments (dont une pomme). La mise en scène est précise, le jeu rythmé, les acteurs jouent avec énergie, ils se donnent et s’exposent. A peine le temps de s’attacher à un personnage que la logique l’emporte, un autre rêve commence, la salle rit de bon cœur, un rire émotionnel, parfois féroce, toujours tendre.
C’est ça, l’Opéra Panique, c’est un rêve, une succession de rêves. Une vision du monde dans laquelle je me retrouve. Et puis je me suis réveillé, le monde n’avait pas changé, enfin, je ne crois pas.
Pas de Panique, vous pouvez oser pousser jusqu’à la rue Darius Milhaud, , vous verrez comment vous échapper de l’immédiat, et puis vous vous direz que La Vie Est Belle.
Baroudeur a adoré, il y emmènerait volontiers tout ses copains.
La salle était pleine, elle a longuement et chaleureusement applaudi.
Théâtre Darius Milhaud jusqu’au 14 avril, le vendredi à 21h00
Eligible aux P’tits Molières