Lumières, Lumières, Lumières : malaise en bord de mer, une suite croissante d’émotions fortes

Lumières, Lumières, Lumières à La Croisée des Chemins : Virginie Bourguet et Stéphanie Pomeau, intéressantes Madame Ramsey et Lily, le cheminement de leurs réflexions parallèles crée un malaise croissant, jusqu’à un échappatoire inéluctable.

Sur la scène, une ambiance coloniale. Deux fauteuils sous des draps protecteurs, un tapis. Des paravent, ou des persiennes. Lily peint, jette son pinceau par terre. C’est fini. Tout est fini. Il n’y a plus rien, tout est vide…

Dans la maison au bord d’une mer, il y a Lily, qui peint, et Madame Ramsey, mère de huit enfants. Andrew, l’ainé, James, le benjamin et le chouchou. Au loin, un phare, que James voudrait visiter. Fera-t-il beau demain ?

Lumières, Lumières, Lumières est un texte de l’autrice québécoise Evelyne de la Chenelière, inspiré de Vers le phare, un roman de Virginia Woolf écrit en 1927. La description d’un malaise plus qu’un récit. Madame Ramsey, toujours béate, qui se définit d’abord par ses enfants. Lily, d’humeur sombre, qui dit les choses et que le mariage révulse autant que l’ubris des hommes. On croisera aussi Monsieur Ramsey, l’auteur d’une somme qui décrit une vision quantique de la réalité et qui n’a pas trouvé son public. Une réalité dans laquelle Madame Ramsey finit par se noyer. Le petit James, qui finira par visiter le phare, ce n’était que l’inoubliable clarté de mon enfance.

La mise en scène de Catherine du Villard, sa direction d’actrices, l’interprétation intéressante et contrastée de Virginie Bourguet et Stéphanie Pomeau, l’ambiance sonore, la harpe jouée au plateau par Anna Rakoto, tout contribue à installer une sensation de malaise dans cette chambre close et à la faire croitre au fil de la pièce. Ce n’est pas un dialogue, c’est le cheminement en parallèle de deux réflexions, l’être et le paraître, une sorte de liberté ou une forme d’asservissement. On guette les indices, entre les obsessions de ces deux femmes, on attend un échappatoire, un inéluctable. On est dans le roman noir, pas dans le thriller. C’est l’ambiance qui importe, pas la (une) solution.

Plus qu’un récit, c’est un suite croissante d’émotions. Des images qui vous persisteront longtemps après que vous aurez quitté les bancs inconfortables de La Petite Croisée des Chemins. Peut-être qu’il fera beau.

A La Croisée des Chemins jusqu’au 07/04/24
Samedi : 19h00; dimanche : 17h00
Durée : 1h10

En tournée :
Mois Molière : Carré à la Farine – 24-25/06/24
Avignon 2024 : Le Figuier Pourpre

Texte : Evelyne de la Chenelière d’après Vers le phare de Virginia Woolf
Avec : Virginie Bourguet, Stéphanie Pomeau, Anna Rakoto (Harpiste)
Mise en scène : Catherine du Villard
Compagnie : Marnie & Compagnie

Visuel : Denis Baudry

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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