Les derniers jours

Les derniers jours d’un homme, de ceux qui l’entourent. Une pièce dure, clivante, qui fera réagir ceux qui sauront affronter leurs émotions.

(c) Stéphane Trapier

Sur la scène, une longue table métallique, trois chaises. Des plumes, en suspension. Un homme étrange à l’entrée, en habit sur TeeShirt de biker, crinière blanche, plumeau blanc à la main, col de plumes noires.

L’homme au plumeau passe autour de la scène, un tango, les personnages entrent en scène, se présentent, leurs noms sont faux, le reste s’est passé comme ça, ou presque. Lear, Pénélope et Pylade vont nous faire vivre les derniers jours de Lear. Pénélope est sa femme, Pylade son ami de quarante ans. Xavier, son fils et médecin, n’est pas là.

Dans un temps suspendu, Jean-Michel Rabeux va nous emmener pour accompagner Pylade, Pénélope, Pylade, qui racontent des moments forts, qui prennent le temps de nous les raconter. La mémoire qui s’en va, et puis les forces. La résignation, la volonté de lutter. Le moment où le temps est venu. Tout est là, raconté en prenant le temps.

Ce sont des moments qu’on vit en « dernier carré ». J’ai trouvé la pièce très vraie. L’empathie est renversée, ce n’est pas aux acteurs de faire ressentir leurs émotions aux spectateurs, c’est aux spectateurs d’envoyer leur énergie vers la salle. Alors certains spectateurs s’en vont, pour qui le souvenir est insupportable.

J’ai apprécié beaucoup de choses dans cette représentation. Sa vérité, d’abord, et sa qualité. De retrouver Claude Degliame qui m’avait ému en Aglaé, qui déploie le même talent de passeuse d’histoire en Pénélope. L’homme au plumeau, dont on ne sait pas bien qui il est, qui crée le temps, qui m’a renvoyé à l’homme blanc de Hors Contrôle. Juliette Flipo et sa harpe rock, bien loin de l’image classique de l’instrument(iste).

La salle a remercié la troupe par des applaudissements longs et feutrés, manifester de l’enthousiasme était hors de propos, on avait la gorge serrée, on venait d’assister au dernier souffle d’un homme. Elle s’est vidée lentement, sans bruit, comme on s’éclipse à l’issue de l’enterrement d’un ami, en laissant les intimes entre eux.

Au Théâtre du Rond Point jusqu’au 22 mars 2020
Du mardi au samedi : 21h00 – Dimanche 15h30

Texte et mise en scène : Jean-Michel Rabeux
Avec : avec : Olav Benestvedt, Claude Degliame, Yann Métivier, Georges Edmont, Juliette Flipo

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