Majorana 370

Une pièce atypique, déroutante, dense, un voyage cérébral qui passionnera ceux qui se laisseront embarquer.

La scène est blanche, encombrée. A jardin, un bureau, des écrans, un microscope électronique. Au fond, ce qui est peut-être un fuselage. A cour, peut-être une de ces chambres d’hôtel japonais. Les personnages sont là, combinaisons protectrices, masques. En fond sonore, une radio, il y a un an jour pour jour disparaissait le vol MH370. Dans cet avion, il y avait Carine, la femme de Cléia.

Cléia est physicienne, cet anniversaire la chamboule. Nous allons le vivre avec elle. Pas vraiment. Cléia est au téléphone, elle part dans ses pensées, elle nous emmène avec elle.

Dans ses pensées, tout se mélange. Son obsession pour Ettore Majorana. Carine qui était passée en Malaisie à la recherche de ses souvenirs, mais aussi pour voir comment elles pourraient adopter un enfant. Les objets qu’il faut trier, qui montrent que l’autre n’était pas exactement ce qu’il montrait.

Majorana 370 est une pièce atypique, dense par les sujets qu’elle aborde. L’histoire de la physique quantique. Le mystère de la disparition de Majorana, et les hypothèses qui ont surgi. La recherche des racines et l’inconsistance des souvenirs. L’envie d’enfant plus ou moins partagée au sein du couple. Atypique et déroutante, qui fonctionne comme les pensées, comme un rêve, un rêve c’est encombré, agité, ça part dans tous les sens, ça mélange, ça n’est pas ancré dans le réalisme. Il y a (au moins) trois arcs narratifs, et une foultitude de petits détails qui surgissent, ceux que j’ai vus, ceux que je n’ai pas notés. Des prises de position, des questions.

Sur scène, il y a les acteurs qui bougent (dont certains essaient parfois de tirer la couverture à eux à un point gênant), et il y a Mégane Ferrat, c’est Cléia. Elle ne parle pas beaucoup, ne bouge pas beaucoup. Elle reçoit le texte, elle est centrale. Il faut prendre le temps de concentrer son attention sur elle.

Je suis sorti en manque d’une discussion pour poursuivre la pièce, un bord de scène. Sur la physique quantique et pourquoi les avancées de Majorana sont encore à la pointe de la recherche. Sur la nature du souvenir et sa reconstruction au fil du temps. Certaines phrases sont des fils qui méritent d’être tirées (là, j’adorerais être assis, prendre un café avec Elisabeth Bouchaud, parler de ces particules qui sont leur propre anti-particule et de l’extension macroscopique…).

Majorana 370 est un voyage cérébral, paradoxalement, pour se laisser embarquer, il faut conserver ses références et laisser de côté sa rationalité. C’est une bonne scientifique : elle m’a appris beaucoup de choses, elle m’a laissé sur des interrogations.

Au Théâtre de la Reine Blanche jusqu’au 05 avril 2020
Du mardi au samedi : 20h45 – dimanche : 16h00

Texte : Florient Azoulay, Elisabeth Bouchaud
Avec : Manon Clavel, Sylvain Debry, Mégane Ferrat, Benjamin Gazzeri Guillet, Jean-Baptiste Le Vaillant, Marie-Christine Letort, Alexandre Manbon, Simon Rembado
Mise en scène : Xavier Gallais
Scénographie : Luca Antonucci

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