Un spectacle époustouflant, le rêve sombre d’un monde sans art.

La scène est vide, deux chaises au sol, deux flottent dans le vide. Une musique hésitante, un vinyle qui gratte, Ainsi parlait Zarathoustra au cor, joué faux.
François de Brauer entre sur scène, il raconte la naissance de Rémi Goutard. Dans un numéro époustouflant, il est d’un instant à l’autre la mère, la sage femme, l’infirmière, puis le père, qui présente un nouveau scénario à un producteur reconnu, puis… Pendant une heure et demie, il va passer d’un personnage à l’autre, d’un moment à l’autre, raconter un monde qui n’est pas si différent du notre.
Dans ce monde, il y a Rémi Goutard, et il y a son meilleur ennemi, Régis Ducloux, artiste peintre renommé. Ils vont se croiser à chaque moment important, et à chaque moment Régis Duclou le verra comme quantité négligeable. Rémi Goutard va imaginer un monde sans art ni artistes, un monde peuplé des gens qu’il croise au quotidien, un monde dont on finira par ne plus savoir si il est réel, cauchemardé par Rémi Goutard, ou seul fruit de la schizophrénie de son père.
J’ai savouré le travail du corps, du visage, de la voix de François de Brauer. Il est à l’aise dans ce spectacle millimétré, il le livre avec une fluidité impressionnante. Son spectacle est une eau forte, trait après trait il esquisse ses personnages, les met en place, fait apparaître un message global. Le rôle de l’art dans la société. L’art, moyen de contestation qui permet d’éviter les dictatures. Artiste maudit ou artiste de cour. Éloge du doute.
La dystopie fait froid dans le dos.
A La Scala Paris jusqu’au 2 février 2020
Les 18/01, 24/01, 25/01, 28/01, 29/01, 30/01, 31/01 et 01/02 : 18h30 /
Les 19/01, 26/01 et 02/02 : 18h00
De et avec : François de Brauer