An Irish Story racontée par Kelly Rivière, une jeune femme part à la recherche de son grand père disparu, un petit bonbon à savourer au théâtre de Belleville.
Au fond de la scène, une série de photos, accrochées à des fils. Devant, une petite estrade, un pouf, une pile de livres.
Kelly Ruisseau a 16 ans, elle utilise Peter O’Farrel son grand père disparu pour séduire les garçons, c’est pratique un disparu, tour à tour gardien d’un phare isolé, révolutionnaire irlandais… Quand Kelly devient mère, elle part à la recherche de Peter. Dans sa quête, elle nous fait croiser une galerie de personnages aussi tranchés qu’attachants. On part pour l’Angleterre, puis pour l’Irlande, avec un saut dans l’Irlande catholique des années 1950, quand les familles avaient plus de dix enfants.
Kelly ne retrouvera pas son grand père. Elle trouvera deux choses, l’une qui secouera sa mère, l’autre lui fera du bien.
Je ne suis pas fan des spectacles où un seul acteur multiplie les personnages et les accents, la performance l’emporte souvent sur l’histoire. Irish Story est LE contre exemple. Kelly Rivière m’a emporté dans son histoire, dans son road trip, et je l’ai savouré. Elle a le talent de parler avec la voix d’un personnage quand tout son corps reçoit la réplique avec la posture d’un autre personnage. Elle fait tout ça avec un naturel entrainant.
La pièce est bien construite, on croise les personnages suffisamment longtemps pour bien en connaitre une des facettes. Ils sont peu nombreux, chacun apporte sa pierre à l’histoire. Pour chacun, le trait est légèrement forcé, fait sourire affectueusement.
Le résultat est sympathique et entrainant. Un mélange bien dosé de poésie et d’humour, qui évite avec adresse les pièges de la lassitude ou de l’apitoiement.
Irish Story est d’abord une pièce bonbon, de ces spectacles qui racontent une histoire simple, se terminent sur un message positif, et dont on ressort en allant bien, le sourire aux lèvres.
C’est aussi un spectacle qui évoque la façon dont la langue classe socialement, comment la façon dont une personne parle, son accent, son vocabulaire, sa grammaire… sa relation à l’alcool… la classent dans une boite à laquelle il est difficile d’échapper. Peter O’Farrel s’est pourtant échappé, et il a disparu.
L’assistance a longuement applaudi, les bravo ont fusé, les spectateurs ont insisté pour que Kelly Rivière vienne chercher un rappel supplémentaire, bien mérité.
Au théâtre de Belleville jusqu’au 30 juin 2019 – reprise du 01/09/19 au 30/12/19
lundi-mardi-samedi : 19h00 – dimanche 20h30
De et avec : Kelly Rivière
Une réflexion sur “An Irish Story”