Working Girls

Deux destins de femmes qui vendent leurs corps, l’une sombre, l’innocence de l’autre fait d’elle un mythe.

WG2
Maria la simple (c) Philippe Gauthier

Working Girls est un projet à long terme, Michael Batz a demandé à plusieurs auteurs d’écrire (ou d’adapter) des monologues dont le point commun est d’être dits par des femmes qui ont vendu leur corps. Trois textes existent à ce jour, ceux de Kay Adshead et Isabel Allende forment un court spectacle, qui a été créé à Londres et à Vitry, qui se donne à Paris.

Il y a La Petite Fille, histoire vraie d’une petite fille black, née dans un quartier de Londres. Elevée par sa grand mère, elle la voit disparaitre peu à peu dans la sénilité, elle s’échappe de l’institution qui l’accueille, croise le chemin d’un camionneur, arrive dans une « salle de ventes », un homme l’achète. Une petite fille anglaise, en Angleterre.

La Petite Fille, c’est Sarah Labrin, elle livre un jeu pressé par l’urgence, monotone, monocorde, chaque phrase est une note martelée.

Il y a Maria La Simple, adapté par Isabel Allende d’un de ses Contes d’Eva Luna. Une petite fille grandit, elle est heurtée par un train, elle garde l’innocence sans filtre de l’enfance. Un homme l’épouse, elle a un enfant, il meurt, sa famille l’envoie en Espagne. Sur le bateau, l’enfant meurt à son tour, la tempête fait tomber sur son cou le couvercle d’une malle. Maria croise un marin grec, découvre le plaisir, celui qu’elle peut prendre, celui qu’elle peut donner. Ils s’échappent, avec le pécule de Maria, débarquent dans un port. A la fin du pécule, le marin grec repart, Maria vit d’amour, celui qu’elle donne, celui qu’elle reçoit. Un jour, l’âge la rattrape… alors elle raconte, avec joie, avec humour, l’histoire de sa vie.

Maria, c’est Maiko Vuillod, que j’avais découverte dans De Lorca Au Tango, savourée dans Noces de Sang. Elle livre une Maria aussi innocente qu’animale, une Maria lumineuse, une Maria hypnotisante, une Maria mobile, qui chante, qui danse.

Working Girls, ce sont deux femmes qui vendent leurs corps, l’une plus contrainte que l’autre, ce n’est pas la prostitution le thème central de ces monologues. C’est le destin, les hasards qui décident d’une vie. C’est la force de ces femmes, leur résilience, comment elles résistent à ce destin qui les emporte.

Deux femmes, deux textes forts, deux ambiances très différentes, l’une est sombre, désespéré, l’autre est joyeuse, lumineuse. Une femme disparait, une femme devient un mythe.

A la fin de La Petite Fille, j’étais plombé, le texte est lourd, il pose des problèmes de société, la mise en scène appuie. A la fin de Maria La Simple, j’étais souriant, son destin est dur, c’est la vie d’une femme, qui l’a traversé dans la lumière, qui finit joyeuse.

Au Théâtre de l’Opprimé jusqu’au 16 décembre 2018
Du mercredi au samedi : 20h30 – dimanche 17h00

Texte : Kay Adshead – Isabel Allende
Avec : Sarah Labrin, Maiko Vuillod
Mise en scène : Michael Batz

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