Illusions Nocturnes : une pièce rythmée, touchante et drôle, six êtres cabossés réunissent leurs volontés et l’art qu’ils ont chevillé au corps pour faire exister un nouveau cabaret à Montmartre en 1939.
Un guéridon, trois fauteuils. Protégés par des draps. Une partie de poker en cours. Trois hommes. Partie gagnée, montre perdue, fin de la pause. Claude Hermon, gilet pailleté rouge, fait construire à Montmartre le cabaret qui dépassera tous les autres. Illusions nocturnes raconte son histoire. Son histoire et celle de ceux qu’il embarque dans son aventure.
Six personnes. Six êtres cabossés. Ils ont la vie chevillée au corps. Ils veulent vivre. Vivre leur vie. Pas celle qu’on leur impose.
Claude Hermon, une seule idée en tête, ouvrir ce cabaret. Il met dans le projet tout l’héritage de ses parents. L’argent de son père, l’envie de sa mère couturière, jeune enfant il l’avait accompagnée à New York tenter de vendre ses robes aux artistes de Broadway.
Lucien, l’éclairagiste. Sa vie passe par les mots qu’il tresse. Marcel, issu d’une lignée de banquiers. Lui, c’est la peinture. La peinture et la révolution. La révolution a besoin d’images, noir et blanc pour une diffusion facile, il peint en niveaux de gris.
Sophia, venue de Pologne pour chanter. Denise. Née à la ferme, montée à Paris. Mise sur le trottoir, elle a eu un enfant, s’est échappée, elle est prête à tout pour ne pas retomber, elle ignore qu’elle est belle. Un enfant de Rémi, l’Apache. Il tient son quartier. Prostitution, racket, vol. Son père le battait violemment, il l’a tué. Il veut retrouver son enfant, lui donner l’amour qu’il n’a pas eu.
Ils ont croisé Claude Hermon. L’une devant la boucherie, l’autre dans le métro. Il les a embarqués dans son rêve. Il est contagieux. Il ne choisit pas, il n’a pas le choix. Il embarque ceux qu’il trouve. L’argent leur manque, pas la volonté, ni l’énergie, ni l’envie. Ils se battent. Ils en veulent. Ils veulent.
L’action se passe en 1939. Pendant ce temps, l’Histoire déroule, la guerre arrive.
Je me suis laissé embarquer par cette histoire, par chacun des six personnages. Un être cabossé, déglingué, qui ne tombe pas, qui se bat, qui rejoint les survivants, j’ai une appétence particulière, c’est vrai. J’ai ri, me suis laissé toucher, été ému.
J’ai admiré la mise en scène de Juliette Moltes. Le texte de Pascal Lacoste n’est pas linéaire, le temps va et vient, on change régulièrement de lieu. Un accessoire qui bouge, une lumière qui change, juste un instant, on est passé de la salle du cabaret au sommet de son toit, on voit tout Paris. Elle s’appuie sur des artistes complets, ils jouent, bien sûr, ils chantent, dansent, ils le font avec talent. Je sentais leur nécessité. Ils ne pouvaient exister qu’artistes. La mise en scène est très rythmée. Elle rend bien l’urgence qu’il y a à exister. La nécessité d’avancer pour ne pas tomber.
Vous l’avez compris, j’ai aimé voir cette pièce. Quand elle passera près de chez vous, n’hésitez pas, laissez-vous embarquer aussi.
Au Théâtre Pixel Avignon du 6 au 29 juillet, tous les jours (sauf le jeudi) à 14h05
Avec : Lucile Bodin, Yoann Berger, Pascal Lacoste, Benjamin Thomas, Iliès Bella, Mélodie Molinaro
Texte : Pascal Lacoste
Mise en scène : Juliette Moltes
Site web : Page FB