Elie Salleron et la Compagnie Raspar Capac proposaient Fragments d’un calcul erroné au Théâtre 13, un voyage poétique dans la tête d’un fou, avec le talent de nous laisser serein à l’issue du voyage.
Parfois la lecture de la présentation d’une pièce me plonge dans profond mélange de curiosité et de perplexité. C’était le cas de Fragments d’un calcul erroné, je vous en fait témoins :
Dimitri Zaraczek, auteur mystérieux mort en 2017 à l’hôpital psychiatrique, a laissé un manuscrit, « Le calcul erroné », mystérieuse pièce fragmentée qui raconte la folie du monde. Quand Dimitri Zaraczek est interné en 2016 à l’hôpital psychiatrique de Gentilly, il décide d’écrire Le calcul erroné. Un an plus tard il se suicide, laissant un texte fragmenté et inachevé : une succession de saynètes, sans lien apparent les unes avec les autres, entrainant le spectateur dans un progressif déraillement du monde et de l’esprit. Elie Salleron, auteur et metteur en scène, décide quelques mois plus tard de reprendre le texte afin de le restructurer et de le rendre intelligible. Mais peut-on rendre intelligible un texte qui pose que, fondamentalement, rien ne l’est ? Dans une écriture précise et ludique, Fragment d’un calcul erroné propose de suivre une histoire de la folie en même temps que l’histoire d’un auteur. Il s’agira de débrouiller l’embrouille, et d’en extraire toute la joie possible. Ah ! Misère et splendeur de l’esprit !
Je n’avais pas la moindre idée de ce que j’allais voir, j’étais prêt à recevoir… quelque chose. J’ai été séduit par ce que j’ai reçu.
La pièce commence par un avertissement étrange, on se croirait dans The Twilight Zone, la commission de sécurité est passée, le théâtre devrait être fermé, nous sommes là à nos risques et périls, pour voir quelques fragments de Calcul Erroné, la fameuse pièce inachevée de Dimitri Zaraczek, qui s’est suicidé etc.
Voilà deux savants, manifestement impliqués dans un projet qui s’étend sur de multiples générations, ils remettent en cause un des calculs centraux d’origine, dont la génération suivante aurait voulu compenser l’erreur. Voilà le président fraichement élu, il vient prononcer son premier discours, la Suisse a les oreilles qui sifflent. Voilà une famille, c’est l’anniversaire du fils, il reçoit un vélo. S’impose sur scène un homme qui cherche ses clés. Une mère lui succède, elle regarde le ciel avec son fils. Une partie de ballon, aux règles absurdes et évolutives. Un état major, ils finissent par décider d’attaquer leur propre pays, l’important c’est la guerre.
Pour conclure que Ne pas mourir, ne pas être fou, voilà qui est heureux.
A l’exception de quelques moments un peu plus foutraques, j’ai été séduit par la proposition de la Compagnie Raspar Capac, par la mise en scène efficace et épurée d’Elie Salleron (dont je soupçonne qu’il est le seul auteur du texte), il démontre qu’il n’y a pas besoin de chichis, d’artifices ou d’une pagaille d’accessoires pour porter un texte quand il est fort, que le parti pris est clair. J’ai particulièrement apprécié le jeu de Marie Benati, au milieu d’un beau travail de troupe, on sentait leur bonheur d’être là, que, malgré l’enjeu du Prix Jeune Metteur en Scène, ils ne se prenaient pas au sérieux, n’imposaient pas un exercice de style. Ca faisait du bien.
J’ai savouré mon plaisir, apprécié le mélange rafraichissant de non sense et de poésie. J’ai fait le voyage, ce voyage dans le cerveau d’un fou, ou du moins d’un interné. En suis revenu serein. Impliqué et serein.
Au Théâtre 13 les 15 et 16 juin 2018 – 20h00
Texte : Elie Salleron et Dimitri Zaraczek
Mise en scène : Elie Salleron
Avec : Flavien Bellec, Marie Benati, Lucas Hénaff, Charles-André Lachenal, Elie Salleron et Lisa Spurio
Présenté par : Compagnie Raspar Capac
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