Darius de Jean-Benoît Patricot : quand la sérénité est au bout d’un chemin d’envies, de défis et de volontés

Darius au Lucernaire : Jean-Benoît Patricot, maître des émotions pudiques. Le dialogue épistolaire entre les talentueux Catherine Aymerie et François Cognard leur fera, malgré les épreuves, trouver la sérénité au bout d’un chemin d’envies, de défis et de volontés.

Sur la scène, deux bureaux, deux univers très différents, séparés par un portemanteau. L’univers d’une femme, esthétique. Mac portable, carnet, lampe design. Un cadre photo. L’univers d’un homme, métallique. Vieux portable HP, lampe d’architecte, flacons. Un cadre photo. Elle écrit, il lit. Cher Monsieur Lagarce, j’aurais sans doute pu trouver votre adresse électronique…

Claire est chercheuse au CNRS, elle étudie une protéine qui retarderait les métastases. Paul est nez, il a formulé les deux parfums qu’elle a portés au cours de sa vie, Premiers Émois et Singapour Na. Darius, le fils de Claire, dix-neuf ans, est atteint d’une maladie dégénérative. Il aimait voyager, il est maintenant dans un fauteuil, sourd, sa vision diminue, il perçoit encore le monde par le toucher, par l’odorat. Claire demande à Paul de retracer les moments agréables de la vie de Darius, à travers leurs odeurs. Paul refuse, il n’exerce plus depuis la mort de sa femme. Claire va aller le chercher, sur un marché provençal. Le convaincre. C’est le début d’un voyage, d’abord dans les souvenirs de Darius, puis dans ses envies. L’occasion pour Paul et Claire de replonger dans leurs blessures, de les apprivoiser. Quand la maladie de Darius finit par l’emporter, sa trace ne s’effacera pas.

Jean-Benoit Patricot est décidément le maître des émotions. Darius prend la forme d’un dialogue épistolaire entre Claire et Paul. Si la première lettre de Claire fait un peu peur, par sa longueur et par le pathos qu’elle dégage, dès la réponse de Paul le texte devient fluide et coule naturellement. L’histoire se déroule, avec de jolies trouvailles et quelques virages inattendus.

Finement mis en scène par André Nerman, Catherine Aymerie et François Cognard déploient avec un intense talent une palette d’émotions pudiques. Sans chercher à bouleverser le spectateur, ils l’emmènent avec précision sur ce chemin fait de sensations multiples.

Pas de désespoir dans Darius, pas vraiment d’espoir non plus. Des envies, des défis, des volontés. A la fin, la sérénité. C’est essentiel, la sérénité.

Au Lucernaire jusqu’au 28/04/24
Du mardi au samedi : 21h00; dimanche : 17h30
Durée : 1h20

Texte : Jean-Benoît Patricot
Avec : Catherine Aymerie, François Cognard
Mise en scène : André Nerman
Compagnie : Et si on allait au théâtre

Visuel : Nathalie Le Gall

Cette chronique a été publiée pour la première fois sur www.jenaiquunevie.com

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