Tout commence toujours par une histoire d’amour – Théâtre de Belleville

Tout commence toujours par une histoire d’amour au Théâtre de Belleville : un spectacle exubérant, foisonnant, désarçonnant, qui pourrait être un cri vengeur et que j’ai reçu comme un immense message d’amour

Pauline Ribat attend, assise sur un coffre. Des panneaux pendent, en fond de scène. A l’avant, on aperçoit une petite robe, un projecteur de diapos, une paire de rollers à paillettes. Voix off : l’actrice est enceinte, le personnage pourrait l’être ou ne pas l’être, mais comme l’actrice est enceinte, le personnage l’est. C’est le début d’un soliloque sur la disparition. Un : Entrée public. Une actrice seule sur scène…

C’est l’histoire de Mademoiselle R. Un père, une mère, deux petites soeurs jumelles. Une famille, nombreuse du côté de sa mère. A travers des souvenirs, des moments, elle va explorer un pan de son histoire, imaginer le moment où ses parents se sont rencontrés, l’achat d’une maison aux volets rouges, tout allait bien, leur séparation, six mois plus tard. Elle raconte, elle parle à son père, toujours bien vivant à Chambéry, qui a disparu de sa vie.

Il y a dans ce spectacle une exubérance désarçonnante. Le texte, une mise en abyme, entre l’autrice, l’actrice, le personnage, est étrangement construit, dans un contrôle total où les didascalies deviennent une partie intégrante de ce qui se passe sur scène. Pauline Ribat se donne à fond, dans une débauche d’énergie qui traduit l’urgence, l’importance de passer ce message.

J’étais désarçonné, sur la réserve, et presque malgré moi je me suis laissé emporter. Par l’histoire de cette fille qui accomplit le rêve de sa mère. Par son besoin vital de dire les choses pour pouvoir lâcher prise. Par la nécessité de faire place nette pour que l’enfant attendu arrive dans un univers pacifié. L’homme, le père, en moi, a fini par comprendre un message clair. Le père, c’est le soleil, qui se couche le soir, qui se lève le matin. Le père disparaît, comme un soleil qui ne se lèverait pas. Comme une chamane procéderait à ses incantations pour que le soleil se lève à nouveau, elle parle à son père pour que l’univers se stabilise, pour que les problèmes soient réglés avant l’arrive de l’enfant qui s’annonce.

C’est là que je me suis attaché, que je me suis laissé embarquer dans le trip de Pauline Ribat, par ressentir son message comme un immense message d’amour et non comme l’expression d’une aigreur vengeresse. Toujours père, et de plusieurs filles, je suis ressorti avec le cœur fripé, saisi par son urgence.

Elle a besoin de nous, allons la soutenir. Pour qu’il n’y ait que de l’amour dans la nouvelle vie qui arrive.

Au Théâtre de Belleville jusqu’au 30/06/22
Du mercredi au samedi : 19h00 – dimanche : 15h00

Texte, mise en scène, interprétation : Pauline Ribat

Visuel : Christophe Raynaud de Lage

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