
La disparition d’Agatha Christie : pour l’histoire vraie revendiquée par le titre, pour explorer la fin d’un couple, pour réaliser que vengeance et reconquête sont bien proches, pour les fulgurences offertes aux acteurs
Sur la scène, un canapé de velours gris beige, un guéridon haut, deux chaises. Ceci est une histoire vraie… prévient une voix off. Pensez-vous qu’il puisse l’avoir tuée ?
Agatha Christie a disparu, son mari venait de lui annoncer son intention de disparaitre, pour épouser sa secrétaire, plus jeune, plus fine, plus apprétée. La police les soupçonne, finira par la retrouver prenant les eaux… sous le nom de sa jeune concurrente.
Adaptation du livre de Brigitte Kernel, que les auditeurs de France Inter connaissent tous, et au delà de l’histoire de la disparition d’une célébrité aux rebondissements incroyables, la pièce s’attache à disséquer le mécanisme de la fin du couple Christie, quatorze ans de mariage, une femme blessée qui essaye une dernière fois de toucher son mari perdu, le reconquérir ou le blesser.
La mise en scène patchwork de Victoire Berger-Perrin offre de belles fulgurences à chacun des membres de la distribution. J’ai particulièrement savouré le sourire virevoltant de Bérengère Dautun, la joviale empathie de Jean-Pierre Malignon et la séduction rentrée de Sylvia Roux.
Si les lecteurs d’Agatha Christie adoreront découvrir qu’elle menait sa vie avec la virtuosité qu’on lui connait dans ses romans, tous réaliseront qu’il n’y a parfois pas l’épaisseur d’une feuille de papier bible entre la reconquête et la vengeance.
Avignon 2022 : espace Roseau Teinturiers
07-30/07/22 – 17h00 (relâche les mardi)
Texte : Brigitte Kernel, Sylvia Roux
Avec : Sylvia Roux, Bérengère Dautun, Nathalie Lucas, Thomas Lempire, Jean-Pierre Malignon, Lou Valérie Dubuis
Mise en scène : Victoire Berger-Perrin