Rabelais

Rabelais au Théâtre 13, une pièce truculente, à voir pour redécouvrir que Rabelais est fondamental, parce que c’est une belle pièce chorale, ou simplement parce que c’est une pièce vivante, exubérante et que ça fait tellement de bien.

(c) Miliana Bidault

Quand le spectateur entre dans la salle, la scène vit déjà. Il y a des gens qui boivent, qui parlent, qui jouent de la musique, qui chantent, et ils sont nombreux. Tiens, on pourrait être chez Ragueneau. L’oratrice de la troupe prend la parole, installe le silence. La pièce va se dérouler pendant la Renaissance cet espace de temps, qui suit l’immobilisme du Moyen-Âge, ses thèmes sont éternels, ce sont ceux de son temps, ce sont ceux de notre temps.

Nous voilà partis, tableaux après tableaux, au fil des livres de Rabelais, vous vous souvenez ? Gargantua, Pantagruel, le Tiers Livre…. On croise Grandgousier, on assiste à l’accouchement de Gargamelle, voilà Gargantua, puis Pantagruel, les guerres picrocholines. L’invention de l’imprimerie, la main-mise des religieux sur l’enseignement. En perspective de l’histoire écrite par Rabelais, Jean-Louis Barrault a placé celle de la vie de Rabelais, on croise François 1er, vainqueur à Marignan, capturé à Pavie, on est sous le regard fixe et moralisateur de Calvin.

La pièce est exubérante, foisonnante, truculente. Vivante. Si vous aimez l’ambiance Steam Punk, vous apprécierez les costumes et la scénographie qui installent le propos dans un temps éternel, celui de la Renaissance, celui que Jean-Louis Barrault vivait après mai 1968, celui dans lequel nous nous trouvons alors que le temps s’est arrêté il y a seize mois, un temps où la vie repousse la cloche qui l’enferme, où la vie reprend ses droits.

C’est une pièce chorale. Comme une comédie musicale, elle enchaîne les tableaux, les mouvements de la troupe sont chorégraphiés, le texte enchaîne les morceaux de bravoure.

J’y ai retrouvé avec plaisir ce qui fait l’esprit français, paillard, cru, aussi irrévérencieux envers l’autorité politique qu’envers la religion, qui manie la parodie aussi bien que la satire. Tant d’expressions que nous utilisons au quotidien sont là, viennent de là, Rabelais est politiquement incorrect, l’enseignement l’évoque en se pinçant le nez, il est pourtant tellement fondamental, actuel, présent.

La pièce est montée par le Studio | ESCA (École Supérieure de Comédien.ne.s par l’Alternance) , au statut de CFA, la formation se fait sous le régime de l’alternance, ce qui permet une distribution foisonnante, quelque chose que j’ai savouré, c’est devenu rare.

Aux standards actuels, la pièce est un peu longue, deux heures dix, et certains tableaux un peu confus pourraient l’alléger. Dans sa version d’origine, elle durait quatre heures.

Est-ce que je vous conseille d’aller la voir ? Oui, parce que c’est l’occasion de (re)découvrir à quel point Rabelais est fondamental. Oui, parce qu’elle est truculente, bien foutue, vivante, et que vous en sortirez avec le moral remonté à bloc. Oui, parce que les questions qu’elle aborde sont éternellement d’actualité.

Oui parce que c’est la dernière pièce de la dernière saison de Colette Nucci au Théâtre 13, et que c’est un bouquet final magique. Oui parce qu’au moment où les théâtres peuvent rouvrir leurs portes, il faut soutenir toutes les initiatives, surtout quand leur distribution compte dix huit personnes, surtout quand d’autres moralisent bien au chaud sous le parapluie des soutiens maintenus.

Allez-y en groupe d’amis, en famille. Et les enfants plus jeunes ? emmenez-les aussi (disons à partir de 10-12 ans), chaque évocation des génitoires déclenchera leurs rires, et ils ramèneront dans leur cour de récréation de belles expression qui leur permettront de briller et d’étendre le vocabulaire de leurs condisciples.

Au Théâtre 13 Jardin du 1er au 19 juin 2021
01/06 – 08/06 : du mardi au samedi 18h00 / dimanche 16h00
09/06 – 19/06 : du mardi au samedi 20h00 / dimanche 16h00

Texte : Jean-Louis Barrault
Mise en scène : Hervé Van der Meulen
Avec : Étienne Bianco, Loïc Carcassès, Aksel Carrez, Ghislain Decléty, Inès Do Nascimento, Pierre-Michel Dudan, Valentin Fruitier, Constance Guiouillier, Théo Hurel, Pierre-Antoine Lenfant, Olivier Lugo*, Juliette Malfray, Mathias Maréchal, Ulysse Mengue, Théo Navarro-Mussy*, Fany Otalora, Pier-Niccolò Sassetti, Jérémy Torres, Agathe Vandame (* en alternance)

Production Studio l ESCA / Nicolas Lovatin, Coproduction Le Studio l ESCA et le Théâtre Montansier de Versailles

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