Kasumi

Kasumi, très beau court métrage sur cet instant qui suit la rupture, quand le calme est revenu, que rien n’est apaisé, que les petits gestes qu’on esquisse par habitude ont perdu leur sens.

D’abord il y a une tempête de neige, filmée par un drone. Puis un intérieur, des sanglots, elle pleure, il la regarde. Elle est bouleversée, il est dur, décidé. Il s’est passé quelque chose, on ne sait pas quoi, on sent que ça a été violent, que c’est définitif, quelque chose après quoi plus rien ne sera pareil. On voit disparaître les derniers lambeaux des gestes d’avant, comme les dernières bulles d’ébullition sous une casserole quand on vient de couper le feu, ils sont là, inévitables et inutiles.

Pour leur premier court métrage, Candice Mechaly et Philippe Gray ont voulu décrire l’instant d’après la fin d’une relation, celui qui suit la rupture, quand tout est dit, quand les mots n’ont plus leur place.

Je me suis laissé totalement prendre par leur film, dont je ne connaissais en entrant dans la salle que le titre un peu cryptique ( Kasumi est un mot japonais, qui se traduit par « à travers la brume », c’est aussi une marque réputée de couteaux de chef). J’ai été un peu surpris de n’entendre aucun mot, j’ai reçu les ambiances, les sentiments, contrastés, contradictoires. La musique. J’ai construit une histoire dans ma tête, il venait de se passer quelque chose de violent, de définitif, la blessure était à vif, le calme était revenu, le calme, mais pas la paix.

J’ai à nouveau été séduit par le jeu rare de Candice Mechaly, une fois encore elle a pris mon cœur, mes tripes, les a tordus. Elle projette ce que ressent le personnage avec une force impressionnante, sans avoir besoin de mots, sans avoir besoin de temps. Une posture, un regard, un geste, les émotions sont là, qui m’embarquent.

Face à elle, Philippe Gray participe au contraste avec un jeu très cérébral, très dans le regard, que je recevais avec mon cerveau. Je les avais déjà vus ensemble dans Ouragan Catégorie 5, le duo fonctionne à nouveau à merveille, on sent bien le déséquilibre entre ces deux êtres, que si elle a été le fait générateur, c’est lui qui a décidé de la conséquence.

Kasumi porte bien son titre : il a fallu trancher, net, franchement, il faut laisser la brume se dissiper.

Kasumi a été nominé dans plusieurs festivals, et a remporté plusieurs prix, dont le Best Actors Award pour « Best Duo » et le Florence Film Award pour « Best Drama ».

Un grand BRAVO à tous les deux, et à toute votre équipe.

PS : j’ai fait le lien avec Voilà c’est fini de Jean-Louis Aubert et sa punch line « T’as eu ce que tu as voulu même si tu n’as pas voulu ce que tu as eu ». Je vous souhaite un jour de voir Kasumi, en salle ou en streaming. La vie n’est pas une bluette.

Avec : Candice Mechaly, Philippe Gray

Et leur équipe :
Chef opérateur : Aurel Ganz
Montage son : Théodora Menthonnex
Mixage son : Victor Pierre et Max Butel
Musique : Billy Sueiro
Etalonnage : Ines Henry Manceau
Lumiere : Fanny Reynaud
Chef décoratrice, costumière : Eugenie Constantin
Assistant chef opérateur graphiste : Rafael Lopez
Premier assistant réalisateur : Leon David Salazar
Pilote drone : Rodrigo Munoz

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