Une pièce intéressante qui manque de maturité, pour fantasmer le moment où Marie Antoinette, avant de monter sur l’échafaud et (sans doute) pour la seule fois de sa vie, se laisse aller.

Sur scène, quelques tabourets, un guéridon, un crucifix. La pièce commence vraiment après un long moment musical, et un long monologue de l’officier révolutionnaire.
J’ai eu plusieurs niveaux de lecture de cette pièce intéressante, que j’ai sans doute vue avant qu’elle ne soit vraiment au point.
La pièce s’inscrit dans le contexte des derniers jours de Marie Antoinette à la Conciergerie, les grands faits historiques sont connus, assez peu documentés. Sur cette base, Isabelle Toris-Duthillier imagine et romance la relation entre la reine et Rosalie Lamorlière, la servante qui était avec elle pendant ces soixante seize jours, pour aboutir à une dernière étreinte, après la condamnation, avant l’échafaud. En gommant la violence sordide du soupçon et des fouilles, en laissant de côté les complots pour la faire s’évader, pourquoi pas, c’est un parti pris éditorial, on est au théâtre, on n’est pas là pour décrire une réalité historique, on peut fantasmer un moment.
J’ai trouvé plein de défauts à la pièce. Le rythme est trop lent, ni de Buyne ni Fouquier-Tinville ne sont crédibles, Chauveau-Lagarde gagnerait à être plus combatif, Rosalie à moins sourire.
Et puis, petit à petit, j’ai fini par oublier le contexte historique, j’ai oublié le symbole, je suis revenu au personnage, cette femme élevée par une mère d’une immense dureté, séparée de sa famille, ignorée de son mari, embarquée dans une révolution qui la dépasse, qui finit par trouver une forme d’amour dans les bras de sa servante. Les rôles s’inversent, la reine redevient fille, une fille sincèrement enlacée une fois dans sa vie.
A ce moment là, Marie Antoinette m’a touché.
Au théâtre Dejazet jusqu’au 28 octobre 2019
Lundi 20h00
Texte : Isabelle Toris-Duthillier
Avec : Isabelle Toris-Duthillier, Maddy Dubois, Patrice Faucheux, Patrick Dogan
Mise en scène : Isabelle Toris-Duthillier