Roméo et Juliette adapté par Manon Montel, une version épurée et sensuelle, à ne pas manquer au Lucernaire.
Un plateau vide, une lumière sculptée. Des acteurs sous des voiles, comme les meubles d’une maison inoccupée depuis de longues années. Frère Laurent prend la parole, les voiles tombent, l’histoire commence.
Deux familles se haïssent, deux jeunes gens se rencontrent, s’aiment, s’épousent, sont séparés, quand ils se retrouvent, chacun voit l’autre mort et met fin à ses jours.
Manon Montel concentre Roméo et Juliette sur… Roméo et Juliette. La querelle des Montaigu et des Capulet reste évoquée en fond, la rencontre de Roméo et Juliette, jusqu’à la scène finale, est le point focal. Comme si elle avait pris la pièce de Shakespeare comme une matière brute, un bloc de marbre qu’elle aurait sculpté pour en retenir l’essentiel, et la rendre d’une façon surprenante et aérienne.
Elle ajoute au paillard une pointe de naturel, au destin une touche de détachement et quelques aphorismes à double sens que ne renierait pas Oscar Wilde, au texte un vers de Verlaine. Un violoncelle, une guitare, un accordéon. Et une dose de danse, une belle dose de sensualité. Des corps qui se cherchent, des corps qui dansent, des corps sculptés par la lumière. Une ambiance presque irréelle pour un résultat poétique, onirique, où la comédie se mêle à la tragédie, où tous les sens sont mis en éveil.
J’avais été séduit par Sand Hugo Balzac, en trouvant que le côté charnel manquait un peu. Je suis servi, je suis sorti scotché, bluffé par Roméo et Juliette. Attirés l’un par l’autre, leur amour n’est pas platonique, il est corporel, sensuel, charnel, la danse rend l’animalité qui les réunit et les soude.
Au Lucernaire jusqu’au 1er juin 2019
Du mardi au samedi : 20h00 – Dimanche 17h00
Texte : William Shakespeare
Avec : Xavier Berlioz, Jean-Baptiste des Boscs, Claire Faurot, Manon Montel, Léo Paget, Thomas Willaime
Compagnie Chouchenko
Je n'ai qu'une vie - Des émotions à partager 