Hoc ou le nez, histoire très simple et très improbable d’un major qui perd son nez, un beau texte dans une mise en scène très imaginative de la compagnie Firmin Poivre à la Folie Théâtre
Hoc, en russe, c’est le nez. Enfin…en russe, nez se dit nos’, et se transcrit hoc. En fait, tout l’esprit de cette pièce est dans ce constat, c’est comme ça et pas autrement, il faut l’accepter, on peut se battre, il faudra toujours finir par s’y résigner.
Un matin d’hiver à Saint Petersbourg, le major Platon Kovaliov se réveille sans son nez, juste après que son barbier Ivan Yakolevitch a trouvé un nez dans le pain de son petit déjeuner. L’un va essayer de se débarrasser de ce nez bien encombrant, l’autre va se lancer à sa recherche à travers toute la ville.
Une idée simple et improbable, dont il était improbable qu’elle soit écrite, transcrite pour la scène, montée, jouée, applaudie. Les plaques de Reason, pour une fois logiquement alignées, ont placé Hoc sous une bonne étoile.
J’ai admiré la mise en scène précise de Julien Le Pocher, le jeu des nuances dans les couleurs des costumes et de l’éclairage, de beaux costumes, d’ailleurs, dans des teintes d’hiver.
Foin d’une banale voix off, c’est un choeur qui vient scander, nous placer dans la position d’un observateur distancié. Contrepoint, les masques des personnages, qui renforcent la distanciation, qui nous rapprochent d’eux, un personnage masqué n’est personne, il est tout le monde, il est moi. Mais si le personnage masqué est moi, quand le major Platon Kovaliov retrouve son nez, il retrouve son moi, et moi avec lui… je retrouve mon moi. S’il s’en réjouit, s’il oublie le comment, le pourquoi… ok, ok, j’arrête.
Hoc ou le nez est vraiment un beau spectacle. Il y a la poésie de la Russie, le non sens aussi parfaitement logique qu’implacable de Gogol, le fatalisme de l’âme Russe.
OliveOyl a trouvé la mise en scène intéressante. Fléchette et Baroudeur ont reçu l’histoire à leur niveau, l’ont trouvée passionnante, ont accepté immédiatement l’effet miroir de l’absence de nez. Si vous pensez que Gogol est trop compliqué, ou trop sérieux, ou trop absurde pour un enfant, allez voir Hoc, vous changerez d’avis. De toutes façons, allez voir Hoc, il y a de la sublimation dans ce spectacle.
A La Folie Théâtre jusqu’au 28 janvier 2018 – jeudi 19h30 / samedi 18h00 / dimanche 16h30
Avec Mélanie SEGURA, Chloé VANNET, Thomas LAPEN, Bastien TELMON, Olivier TROYON
Un spectacle éligible aux P’tits Molières