Des Papilles dans le Ventre, c’est plus qu’un spectacle, c’est un tableau sensoriel et émotionnel, c’est un hommage à la vie, une envie de vivre féroce et contagieuse.
Seule sur la grande et belle scène des Béliers Parisiens, dans une salle correctement climatisée (c’est appréciable en ces temps de forte chaleur), Kim Schwarck nous fait partager les souvenirs de son enfance, entre sa mère, son père, ses grand-mères. Des souvenirs intemporels, ses souvenirs sont nos souvenirs, on a (presque) tous aimé l’odeur de l’essence à la station service, l’odeur du petit pot de colle, préféré les frites molles de la restauration collective, un plat fétiche qui nous renvoie aux odeurs de notre enfance (dans son cas, la fricadelle, le moment où sa grand mère goûte la fricadelle crue pour vérifier si c’est prêt, et crache parce que c’est pas bon… d’ailleurs nous sommes repartis avec la recette précise, une vraie recette de grand mère, sans proportions précises).
Chaque tableau est une émotion, que Kim Schwarck nous a fait partager très précisément, par ses gestes, ses mots, le jeu de son visage. A chaque tableau, donc, est associé un aliment, un plat, ça a marché à chaque fois, à la fin de chaque tableau, j’avais mon cœur empli de l’émotion, la bouche pleine du goût.
Sur certains tableaux, elle chante. Les chansons de sa mère, Martine Clémenceau, qui a représenté la France à l’Eurovision 1973 avec Sans Toi, accompagné Claude François sur Quelquefois, écrit Solitaire (qui sera ensuite repris par Laura Branigan), une chanson qu’elle a écrit.
De la même façon, elle évoque la maladie qui l’a envoyée, petite fille, dans un service d’hôpital dont on ne sortait pas forcément debout, qui lui a fait perdre ses cheveux et donné le goût de la ratatouille en conserve. Qui, peut-être, lui a donné une part de sa force, de son énergie, de sa joie de vivre contagieuse.
Le spectacle est bien écrit, les jeux de mots fusent sans abus, joué sur un rythme enlevé, les tableaux s’enchainent sans qu’elle ne perde l’attention du spectateur, ponctués de plaisanteries parfaitement graveleuses sans jamais être vulgaires (c’est aussi ça, la vie). Les petits détails, jetez un œil sur les boutons de sa robe, on dirait du Play Doh.
J’ai tout aimé dans Des Papilles dans le Ventre, le texte, bien sûr, la très belle mise en scène de Pierre Notte, le rythme, l’énergie de Kim Schwarck qui, à peine les applaudissements, est à la sortie de la salle, distribue la recette de la fricadelle, le flyer du spectacle aux passants.
Des Papilles dans le Ventre est un spectacle à aller voir entre amis, pour amortir les vagues d’émotions qui vous remueront pendant le spectacle, pour aller, ensuite, dîner ensemble, c’est un spectacle dont on sort en ayant faim.
Au Théâtre des Béliers Parisiens, du mardi au samedi à 19h30