Grand-duc – Théâtre Ouvert

Grand-duc au Théâtre Ouvert : Laurent Charpentier porte le texte prégnant d’Alexandre Horréard, écrit comme une carte à gratter, à coups de plume crissants, ce qui commence comme une enquête policière prend un tour fantastique à mesure que l’absence se dévoile.

La scène est barrée d’un voile gris, en entrant dans la salle on a vu qu’ils se succédaient comme les couches d’un oignon, que derrière le premier il y a une table basse. Au fond de la salle… Il te dit Le cadavre est dans la salle de bains, et il t’ouvre la porte de l’appartement…

Dans cet appartement, plutôt grand et meublé avec un bon goût riche, il y a un homme nu, dans sa baignoire, un couteau planté dans le cœur. Pas d’empreintes. L’inspecteur chargé de l’enquête va rencontrer ses proches, et moins proches. La femme de ménage, la mère, une femme en rouge, le frère. C’est surtout la solitude de cet homme qu’il va dévoiler. Ce qui est enquête de police va petit à petit tourner au fantastique, révélant un immense manque d’amour, de sens, et la présence obsédante du Grand-duc qui donne son titre à la pièce.

Alexandre Horréard a écrit un texte prégnant, qui se suffit à lui seul, qui crée une ambiance de gêne, de malaise, qui dévoile petit à petit une absence de sens, une absence d’amour, qui se termine en une absence de vie. Une absence qui absorbe, qui avale, on le comprendra quand on saura qui est le narrateur, qui tutoie l’inspecteur, qui raconte l’histoire tout autant qu’il le guide sur le chemin de l’absence. Détail après détail, comme une carte à gratter, Alexandre Horréard gratte avec sa plume dans un bruit crissant, il chaque trait est définitif, et le dessin final conserve le souvenir d’une forme de douleur.

Laurent Charpentier porte ce texte avec un joli mélange de pudeur et de réserve initiales. Sa mise en scène emprunte parfois des méandres ampoulés, qui tournent à la performance, j’avoue avoir douté de leur utilité quand je perdais le fil du texte.

Trait de plume après trait de plume, crissement après crissement, la réalité, l’absence plutôt, s’est dévoilée, dessinée sur la carte à gratter de mes méninges, c’est au fond ce que je viens chercher sur la scène d’un théâtre, un texte qui construit quelque chose dans l’esprit de son spectateur, qui le laisse, pensif, poursuivre sa réflexion une fois les applaudissements terminés. Et l’amour, dans tout ça…

Au Théâtre Ouvert jusqu’au 25/03/23
Lundi, mardi, mercredi : 19h30; jeudi, vendredi : 20h30; samedi 18/03 : 20h30 / 25/03 : 18h00
Durée : 1h15

Texte : Alexandre Horréard
Avec : Laurent Charpentier
Mise en scène : Laurent Charpentier

Visuel : Hervé Bellamy

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