
La Tempête à La Huchette : mise en scène par Emmanuel Besnault, une très jolie version de la pièce de Shakespeare. Une bourrasque compacte, portée par le talentueux Jérôme Pradon et la voix magique de Juliette Marcaillou
Une toile recouvre la scène de la Huchette, le sol, les murs, le fond. La tempête règne, menée par Ariel. Capitaine, vite, ou on va s’échouer.
Prospero, duc de Milan, est trahi par son frère et exilé avec sa fille Miranda sur une île déserte. Tirant de ses livres un pouvoir magique, il réduit en esclavage le monstrueux Caliban, et prend à son service Ariel, esprit du vent. Douze ans plus tard, alors que le navire de son frère passe à proximité, Prospero provoque une tempête pour le faire échouer sur l’île…
La Tempête est la dernière pièce de Shakespeare. Une pièce mythique. Amour, complot, trahison, vengeance, pardon. L’être humain, dans sa complexité, dans son époque. Elle est spectaculaire, tentaculaire, labyrinthique. Plusieurs actions se déroulent en parallèle.
J’étais dubitatif en entrant dans la salle, et j’avais tort. Pourtant, la Tempête avec trois acteurs sur une toute petite scène, la barre est haute, il faut oser la sauter. Emmanuel Besnault a réussi, très largement.
La scène est petite, son éclairage particulier lui donne une allure de vaisseau inter-planétaire. D’ailleurs… sur une planète à l’écart de la galaxie, un sage magicien prépare sa vengeance en s’appuyant sur les forces de la nature… ça ne vous rappelle rien ? l’histoire est éternelle.
Trois acteurs, six rôles, soixante quinze minutes. Bien sûr il y a des coupes, l’essentiel est là. Emmanuel Besnault laisse en arrière plan les intrigues de cour, il se concentre l’action sur la romance entre Miranda et Ferdinand, sur la révolte de Caliban. A Prospero de raconter le reste, comme d’ailleurs Shakespeare l’a prévu. A la fin de la pièce, Miranda et Ferdinand sont fiancés. Prospero a retrouvé son siège, et pardonné à ses ennemis. Ariel est libre.
J’ai été particulièrement touché par le jeu tout en nuances de Jérôme Pradon, qui donne un Prospero en finesse, en tendresse, apmle quand il le faut, plein de retenue quand elle est nécessaire. A ses côtés, Juliette Marcaillou. Elle est touchante, poétique, comique. Elle est Ariel, Miranda et Stéphano, trois rôles dans lesquels elle dévoile trois facettes très différentes de son talent. Et Ethan Oliel, il est Ferdinand, il donne un Caliban agile et étonnant.
Il y a du masque, de la danse, du chant. Un air, en particulier, quand Miranda et Ferdinand se déclarent l’un à l’autre, la voix de Juliette Marcaillou vous emportera le cœur à grands coups de goose bump.
C’est rapide, ça tourbillonne, et tout y est. C’est une petite Tempête, c’est une très jolie Tempête. Laissez-vous emporter par ses bourrasques.
Au théâtre de La Huchette jusqu’au 20/05/23
Du mardi au samedi : 21h10
Durée : 1h15
Texte : William Shakespeare
Avec : Jérôme Pradon, Marion Préïté ou Juliette Marcaillou, Ethan Oliel
Mise en scène : Emmanuel Besnault
Visuel : Inuksuk / Ty
Une réflexion sur “La Tempête – La Huchette – une belle bourrasque, qui saura vous emporter”