
Du bonheur de donner au Lucernaire : un cadeau bienveillant d’Ariane Ascaride, des mots de Bertold Brecht, soulignés par l’accordéon de David Venitucci, des mots heureux, des mots sur le monde, des mots partagés à emporter avec soi comme un encouragement quand le monde est tête dessus dessous.
Sur la scène, deux chaises de bar à l’assise rouge, en bois, avec un petit dossier. Deux pupitres. Voilà Ariane Ascaride, et David Venitucci. Le théâtre est capable de faire de la dialectique une jouissance…
Accompagnée par David Venitucci à l’accordéon, Ariane Ascaride dit du Bertold Brecht. Parfois, elle chante. Ouh là, c’est sérieux, austère. Eh bien non.
Imaginez-vous dans la loge d’Ariane Ascaride, à la fin d’une journée de tournage. Posé sur sa table, il y a un recueil de Brecht, lu et relu, c’est un auteur avec lequel elle vit depuis toujours. Elle vous sourit, et vous demande… Ça te dirait que je t’en lise un peu ? On ne répond pas non à une telle proposition, alors vous dites oui. Alors elle commence à lire. Dans la loge, il y avait aussi un ami, accordéoniste. Il prend son instrument, et commence à jouer doucement. Et vous prenez un verre de chartreuse, sorti d’on ne sait où.
Là, vous réalisez que Brecht n’est pas seulement un auteur sérieux, voire cryptique. Vous réalisez qu’il parle du théâtre, de spectacle. Qu’il parle du monde qui l’entoure, de ces émigrants qui ne trouvent pas chez nous un foyer, mais l’exil. Qu’il est plein de bon sens, celui qui se bat peut perdre, celui qui ne se bat pas a déjà perdu, une si belle façon de dire que le seul risque qu’on coure à demander quelque chose, c’est le oui. Et la morale ? S’en occuper, c’est lui porter préjudice.
Vous réalisez que Brecht est bienveillant, c’est dur d’être méchant. Là, vous réalisez que depuis le début du spectacle, Ariane Ascaride sourit. Bien sûr elle sourit d’être là, sur scène, que la salle soit pleine. Surtout elle sourit de partager ces mots, les mots de Brecht, les mots avec lesquels elle vit, les mots avec lesquels les spectateurs repartiront.
J’insiste. Ce n’est pas un spectacle avec Ariane Ascaride, ni sur Ariane Ascaride. Ce n’est pas la démonstration fabulaire d’une diction précieuse et attendue. C’est un cadeau. Un cadeau bienveillant d’Ariane Ascaride. On ne refuse pas un cadeau.
Au Lucernaire jusqu’au 5 mars 2023
Du mardi au samedi : 19h00 ; dimanche : 16h00
Texte : Bertold Brecht
Avec : Ariane Ascaride
Musique : David Venitucci
Visuel : Matteo Severi
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