La Petite dans la forêt profonde aux Déchargeurs : un conte qui va vous emmener dans une horreur froide

La Petite dans la forêt profonde aux Déchargeurs : trois personnages, un viol, une vengeance. Louise Ferry et Clémence Josseau, mise en scène d’Alexandre Horréard, texte de Philippe Minyana. Une plongée talentueuse vers une horreur froide, une terreur glaçante, où toute émotion est gommée.

Sur la scène, on aperçoit deux chaises, un bureau haut, deux enceintes, un micro. En boucle, Dream a little dream of me. Avec quelques objets et un looper, Louise Ferry crée une ambiance sonore, une forêt, un bruit de pas. Clémence Josseau avance. Tu dis que c’est un havre de paix, demande la Petite ?

C’est une histoire à trois personnages. Le jeune Roi, sa femme la Reine. Ils ont un fils. La Petite est la sœur de la Reine. Le jeune Roi est allé la chercher, il la ramène vers son château. Sur le chemin, dans une forêt, dans une bergerie…

C’est une histoire à trois personnages. Un viol, une vengeance. A la fin, il n’y aura plus personne, toute innocence se sera envolée.

J’ai d’abord été surpris par le parti pris de la mise en scène. Pourquoi ce ton monocorde, pourquoi ce rythme rapide, pourquoi ce style si écrit ? Pour que je comprenne. Pour que je comprenne bien. Pour que je saisisse l’horreur glaçante de ce conte. Ce conte ne s’adresse pas à mes tripes, pas à mon cœur. Il ne va pas chercher l’émotion du spectateur, au contraire. La Petite est là, qui raconte, froidement, rapidement. Le spectateur est là, qui écoute, qui voit. Qui sombre dans cette horreur, qui s’y perd. Qui sort beaucoup plus touché que ses émotions l’avaient embarqué.

C’est la première mise en scène d’Alexandre Horréard, et c’est un très beau travail que de s’être saisi du texte de Philippe Minyana, d’avoir réussi à gommer toute émotion dans le jeu pour que ne reste plus que l’horreur froide, la terreur glaçante. Une ambiance lumineuse, bruitée. Chantée. Chacune à leur tour, Louise Ferry et Clémence Josseau portent chacun des personnages, créent l’ambiance sonore. L’ambiance d’un conte sans conteur bienveillant pour rassurer à la fin.

Dream a little dream of me ? l’espoir d’un reste d’innocence, d’un fragment d’amour pur ? Non. Glaçant.

Je ne suis pas sorti intact. Je suis sorti bluffé. Et je me suis réfugié dans Somewhere only we know. J’y suis encore.

Aux Déchargeurs jusqu’au 20 décembre 2022
Dimanche, lundi, mardi : 19h00

Texte : Philippe Minyana
Avec : Louise Ferry, Clémence Josseau
Mise en scène : Alexandre Horréard

Visuel : Marie Hamel

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