
Les Poupées Persanes au théâtre des Béliers Parisiens : deux histoires d’amour serpentent au cœur de la grande histoire, de la jeunesse iranienne des années 70 à la célébration de l’an 2000 à Paris. Ne boudez pas votre plaisir, allez les applaudir.
Sur le mur de la salle, près du rideau, un târ est accroché. Sylvain Mossot se glisse à jardin, commence à en jouer, à chanter. Le rideau s’entrouvre, Azize Kabouche introduit l’histoire qui va se dérouler. Yeki bood, Yeki nabood. C’est ainsi qu’on commence les histoires en Iran, c’est un peu notre Il était une fois…
Deux histoires vont se dérouler parallèlement.
En Iran, dans les années 70. Quatre jeunes gens vont se rencontrer, s’aimer, pendant que le Shah perd le sens des réalités, le pouvoir, que les ayatollahs prennent le pouvoir, que la charia étend son voile sombre sur le pays.
En France, Noël 2000. Deux familles font connaissance à Avoriaz, Jean-Farouk est amoureux de Françoise, sa secrétaire, il l’a invitée dans son chalet pour la semaine, leurs enfants respectifs sont là. Personne n’est vraiment naturel, pourtant des liens vont se tisser.
Comme le Tigre et l’Euphrate, ces deux histoires prennent ont des sources proches, elles vont serpenter dans un arc narratif qui laisse le temps aux méandres de se développer, elles vont converger. Rejoindre celle de Bijan et Manijeh, conte extrait du Shahnameh, l’épopée de Ferdowsi qui est aux Perses ce que l’Iliade et l’Odyssée d’Homère sont aux Grecs.
Je n’ai pas boudé mon plaisir. Dans Les Poupées Persanes, j’ai trouvé un beau texte, qui prend le temps de poser les choses, d’en exposer les détails, de mettre les personnages en perspective de leur époque. Une belle distribution, qui sait alterner les personnages avec talent et conviction. Une mise en scène qui fonctionne, parfois subtile, parfois contrastée, se mettant alors elle même en perspective.
Dans un équilibre subtil, la pièce est taillée pour le succès. Elle sait aller chercher le spectateur qui va régulièrement au théâtre, elle sait s’adresser à celui qu’on y traîne une fois par an.
Ne boudez pas votre plaisir, allez les applaudir. Comme l’a fait la salle, qui était pleine et enthousiaste.
Au Théâtre des Béliers Parisiens à partir du 24 août 2022
Du mardi au samedi : 21h00 – Dimanche : 15h00
Texte : Aïda Asgharzadeh
Avec : Aïda Asgharzadeh, Kamel Isker, Azize Kabouche, Toufan Manoutcheri, Sylvain Mossot, Ariane Mourier
Mise en scène : Régis Vallée
Visuel : Stéphanie Conjard