
La Disparition aux Plateaux Sauvages : Le Groupe Fantôme emmène les spectateurs dans une expérience théâtrale immersive surprenante, chacun apporte ses peurs primales, tous imaginent ce qui s’est passé il y a 5 ans quand un enfant de 8 ans a disparu dans un théâtre.
Les spectateurs sont encore dans le hall du théâtre, Clément Aubert, Romain Cottard et Paul Jeanson sortent de la salle, se présentent, On est le groupe Fantôme… il va y avoir un moment d’échange. Les spectateurs entrent, en silence. S’assoient, se regroupent sur les premiers rangs. Sur la scène, trois chaises, un immense cadre suspendu, vide, comme un écran de cinéma. On aperçoit une guitare, un clavier. Bonsoir, tout ce que nous allons vous raconter est faux … faites semblant de nous croire jusqu’à ce que ce soit vrai. Quelques secondes plus tard… Vous êtes en sécurité… merci de garder le secret sur ce qui se passe pendant le spectacle.
Si vous avez lu le pitch du spectacle, vous savez que le 1er février 2017, un enfant venu avec sa mère assister à la création théâtrale Le Lac, disparaît avant la fin de la représentation. Cinq ans plus tard, on ne sait toujours pas ce qui s’est passé. On ne le saura sans doute jamais. La mère n’a pas retrouvé son fils. La compagnie qui jouait ce soir-là n’existe plus. Avec La Disparition, trois acteurs reviennent sur ce traumatisme et tentent d’interpréter l’inexplicable
Sur scène, Clément, Romain et Paul jouent. Ils jouent un rôle, suivent le fil d’une histoire. Ils jouent avec les spectateurs, leur font ressentir l’histoire sans forcément la comprendre, d’ailleurs chaque spectateur ressortira avec sa version, c’est la magie du théâtre. Je suis ressorti avec ma vision, et une envie insatisfaite, sans pour que ce soit un manque.
Pendant qu’une partie de mon cerveau se laissait embarquer, pendant que l’histoire touchait mon coeur, serrait mes tripes, l’autre partie observait la façon dont le Groupe Fantôme prenait le contrôle du public, le met en condition de recevoir un ensemble d’indices, de stimulations, de participer de son plein gré. C’est une expérience immersive, intéressante, un univers Twilight Zone avec une petite touche d’horreur.
L’horreur est quelque chose qui marche rarement au théâtre, la grande qualité de La Disparition est de prendre chaque spectateur par la main, de créer un effet de groupe, chacun convoquera ses peurs primales, écrira son histoire personnelle. Clément Aubert, Romain Cottard et Paul Jeanson prennent le temps de le faire, ils le font bien, en ayant soin de ne franchir aucune limite inacceptable.
Il y a l’horreur, et il y a la facilité avec laquelle ils ont pris le contrôle de la salle. Une salle de gens normaux, pas particulièrement influençables. Sans aller jusqu’à rappeler l’expérience de la Troisième Vague, je suis toujours impressionné par la façon dont on peut prendre le contrôle d’un groupe de personnes qui ne sont pas venus pour assister à un concert sous hypnose ni pour voir Mesmer le Mesmerizer.
Que s’était-il passé le 1er février 2017 à la première représentation de Le Lac à Paris ? Chacun a mis à cette histoire le sens qu’il voulait, chacun est ressorti avec sa réponse. De toutes façons, cette histoire est vraie puisque je l’ai inventée, et toute tentative de mettre de l’ordre laisse toujours quelque chose de côté (Boris Vian et Carlo Rovelli).
Aux Plateaux Sauvages jusqu’au 19/02/22
Du lundi au vendredi : 20h00 – samedi : 17h00
Conception, texte et jeu : Clément Aubert, Romain Cottard, Paul Jeanson
Visuel : Pauline Le Goff