Huis Clos – Théâtre de l’Atelier

Huis Clos au théâtre de l’Atelier : Jean-Louis Benoît une belle version du texte un peu suranné de Jean-Paul Sartre, où Maxime d’Aboville et Marianne Basler sont tous deux excellents.

En fond de scène, une grande porte rouge. Une musique d’inspiration italienne. Trois canapés sous des housses. Le garçon ouvre la porte, en marcel, bedonnant, l’air bougon de Philippe Etchebest. Garcin entre.
Alors voilà.
Voilà.
C’est comme ça…
C’est comme ça.
Le garçon enlève la housse du canapé central.
Je… je pense qu’à la longue on doit s’habituer aux meubles.

On est en enfer, un enfer sans flammes, sans tortures, qui prend la forme d’une pièce. Entrent successivement dans cette pièce Garcin, journaliste pacifiste et séducteur; Inès, lesbienne et employée des Postes; Estelle, blonde écervelée de bonne famille. Chacun à son tour va dévoiler les actes qui l’ont conduit en enfer, chacun à son tour va être soumis au jugement des autres, chacun va chercher à construire une alliance impossible. Jusqu’à la conclusion de la pièce.

Eh bien, continuons.

On se souvient tous de L’enfer c’est les autres. Jean-Paul Sartre expliquait que c’est notre rapport aux autres, l’importance qu’on donne au jugement des autres, qui crée cet enfer dont on ne peut s’échapper. Si le propos reste d’actualité, le profil de Garcin, d’Inès et d’Estelle devient petit à petit suranné, ce qui était en 1947 un trait à peine forcé s’approche maintenant de la caricature, le temps a passé.

C’est tout l’art de Jean-Louis Benoît d’avoir réussi à surfer sur la limite.

Sur scène, Maxime d’Aboville déploie un large registre d’émotions, il est excellent dans ce Garcin hypnotique, lâche séducteur autocentré pour qui seule compte l’opinion qu’ont les autres de lui. Face à lui, Marianne Basler donne une grande Inès sardonique et glaciale, homosexuelle volontaire plus que lesbienne frustrée. Prise au milieu de leur combat, Mathilde Charbonneaux revisite Estelle, le personnage le plus daté, la jeune fille de bonne famille sacrifiée que personne n’avait préparée à la séduction ni à la sexualité, son jeu conduit à se questionner sur la réalité de sa bonne foi.

Un propos éternel, un parti pris actualisé, du beau théâtre, à savourer sans bouder son plaisir.

Au Théâtre de l’Atelier à partir du 02/02/2020
Du mardi au samedi : 19h00

Texte : Jean-Paul Sartre
Avec : Marianne Basler, Maxime d’Aboville / Guillaume Marquet, Mathilde Charbonneaux, Antony Cochin / Brock
Mise en scène : Jean-Louis Benoît

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