
Par le Boudu au 104 : Merci, Monsieur Bonaventure Gacon pour ce spectacle rare, cet hymne à la vie par un clown clochardisant. Il n’est pas à l’affiche, il peut se voir par hasard ce samedi 22/01/22 au 104, sachez y courir.
Sur la scène, une table de bois brut, rafistolée, on se demande comment elle tient. Un bac en plastique, avec un linge rouge. Une poêle, posée au fond. Un poêlon, en fait, on le verra plus tard. Un clown étrange arrive sur la scène. L’air d’un clochard, barbe échevelée, plusieurs couches de vêtements déchirés, la bouche en biais, la démarche titubante. Il finit par s’asseoir. Fait crisser ses ongles sur la table. C’est moi qui suit là. C’est moi qui suit le méchant… voilà, c’est moi l’méchant.
Ça commence très fort. Le voilà qui aperçoit une petite fille qui descend de la montagne, il faut l’entendre raconter comment il résiste à la tentation, y cède, voir la poésie du feu qu’il construit, brindilles, branches, feuilles sèches, allumette… un pneu, pour la fumée noire, ça fait chic… la marmite d’eau qu’il met à chauffer…et le petit bout de viande qui reste coincé entre les dents.
Avec cette séquence horreur, Bonaventure Gacon attrape l’attention du spectateur, et ne la lâche plus, il poursuit en enchaînant de petites merveilles de poésie pure. Il parle de lui, de sa vie, avec son vocabulaire particulier, ses comparaisons bizarres, en tire une leçon de vie. Il va nous parler de sa solitude, des poèmes qu’il écrit. De sa poêle, pardon, son poêlon, ce qu’y a de bien, c’est qu’on ne peut pas les tordre, si la rouille apparaît, si on n’enlève pas la première tache, toujours près des rivets du manche, elle s’installe, que faire à la fin d’une poêle trouée ? De la vie, parce que tu peux rien faire quand t’es mort. Monter sur sa table, comme un adolescent monterait sur le toit d’un immeuble. De la beauté d’une table dressée, incomplète quand on n’a rien à manger, il prend alors un verre. Finir dans une folie roulante.
J’ai reçu Par le Boudu comme un double cadeau, un double hymne à la vie, qui m’a pris par surprise.
Le spectacle lui même, bien sûr, pour sa beauté, la poésie du texte et du propos, la générosité de l’engagement de Bonaventure Gacon, ses performances physiques, la qualité de son jeu. Il convoquait dans mon imaginaire un personnage de James Thiérrée qui aurait vieilli dans la solitude, un personnage du Fin de Partie de Beckett qui serait resté coincé dans l’adolescence.
Second cadeau, les circonstances dans lesquelles j’ai vu le spectacle, qui ne se donne pas, qui n’est pas à l’affiche. Je devais voir Campana, par le cirque Trottola, la représentation est annulée, covid oblige, Par le Boudu, prix SACD 2011, est proposé à la place.
La salle était clairsemée, c’est dommage. Le spectacle est annoncé pour douze ans et plus, il y avait des plus petits, ils se sont serrés contre leur parent à la première scène, étaient hypnotisés ensuite. Clairsemée, mais enthousiaste, la salle a rappelé Bonaventure Gacon pour un salut complémentaire, quand les lumières se rallumaient déjà.
Il y a des spectacles dont on sort, quelques uns dont on sort en disant Bravo, quelques rares dont on sort en disant Merci, dont on se souvient longtemps. Par le Boudu est de ceux là.
Merci, Monsieur Bonaventure Gacon.
L’avis de Baroudeur : j’ai trouvé ce spectacle hyper bien, c’est hyper drôle. Il rentre d’une manière assez spéciale, avec une histoire horrible, une petite fille qui se balade, qu’il attrape, qu’il met dans une marmite au dessus d’un feu. Mon moment préféré est le bouquet final, sur les rollers. Il joue énormément avec sa table, qui est presque le deuxième personnage du spectacle. J’étais au premier rang, à un moment donné il s’est retrouvé au dessus de moi. Je crois qu’on peut voir le spectacle à partir de 7-8 ans, avec un parent, pas avec sa classe.
Au 104 jusqu’au 24/01/22
Du mardi au samedi : 20h00
et en tournée
De et par : Bonaventure Gacon
Visuel : Denis Grégoire
On commence enfin Campana avec toute l’équipe du Cirque Trottola, demain mardi, mercredi, vendredi, samedi, à 20H, au 104#PARIS. Puis le 1 et le 2 février prochains, également à 20h. À bientôt ? Guiloui Karl.
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C’eut été avec plaisir, mais le seul jour où j’étais dispo est le jour de relâche. A votre prochain passage, avec grand plaisir.
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Merci pour Par le Boudu. Mais on ne peut pas accueillir plus de spectateurs sous le chapiteau avec ce spectacle. Réglementation… Mais je vous accorde qu’une trentaine de personnes eut été les bienvenues… Guiloui Karl
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Merci à vous
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