
Colère Noire aux Plateaux Sauvages : Gabriel Dufay habille les mots de Brigitte Fontaine, pousse un cri de rage, une invitation à regarder ce que nous avons fait du monde, à sortir de nos vies balisées, à leur donner un sens. Une déclaration d’amour à Brigitte Fontaine.
Sur la scène, des cendres répandues. Deux violoncellistes, sur un rocher. Un fut noir, une poubelle, des pneus. En vidéo, des cendres mouvantes. Un homme allongé. Vous allez me brûler encore une fois.
On est dans un univers apocalyptique, un monde en cendres. Apocalypse, fin du monde d’après le sens commun, révélation d’après le sens étymologique. Dans cet univers, un homme bouge, crie, hurle. Contre les hommes. Contre leurs obsessions. Pour les hommes. Pour l’amour. Il est seul, il est la colère, la rage. À qui parle-t-il ? c’est aussi sa question.
Colère Noire est un long texte de Brigitte Fontaine. Un cri de rage, une colère face à un monde en feu. Gabriel Dufay s’est emparé de ses mots, les a revêtu. Au centre d’une scénographie très travaillée, il les sert, les joue, les danse, les chante, avec ses complices actifs, les violoncellistes, Michèle Pierre et Paul Colomb. Il nous en fait percevoir la force et l’actualité, la poésie surtout.
Il nous donne ces mots, ces mots forts, la colère mêlée d’humour d’une femme qui a vu arriver une vague de liberté. Qui enrage en voyant ce que nous en avons fait. Qui poursuit la lutte.
Il faut de la folie pour monter ce spectacle ? Certainement.
Colère Noire est un cri de rage, une invitation à sortir de nos vies balisées, à leur donner un sens. C’est une déclaration d’amour, pour Brigitte Fontaine, l’artiste libertaire barrée, la chanteuse aux mots libres, parfois acides, la poétesse qui a inspiré une génération d’artistes, une deuxième, une troisième. Je n’ai pu m’empêcher d’y trouver des souvenirs du passé, de retrouver les pas de Mouna dans les passages de Michel Archimbaud, c’est une affaire de famille, la transmission d’un message.
Le texte est en vente, n’hésitez pas. Vous y trouverez tant de perles. La poésie n’a pas de contraire, tu ne peux pas te tromper, c’est tout droit.
Aux Plateaux Sauvages jusqu’au 11/12/21
Du lundi au vendredi : 20h00 – Samedi : 17h00
D’après Colère noire et Antonio de Brigitte Fontaine
Adaptation et mise en scène Gabriel Dufay
Avec Gabriel Dufay et la participation de Michel Archimbaud
Aux violoncelles : Michèle Pierre / Alice Picaud, Paul Colomb
Visuel : Pauline Le Goff