
Les Amis du Placard mis en scène par Olivier Schmidt : une version déjantée à la saveur psychédélique d’un texte souvent montré, dans une distribution où les femmes mènent le jeu, un bonbon acidulé et pétillant à l’énergie contagieuse
Sur la scène, deux tables, une chaise. Un lino en damier, des voilages inclinés, deux tableaux accrochés en biais. Mon épouse Odile et moi, nous nous emmerdions.
Jacques et Odile ont profité d’une promotion pour s’acheter deux amis. Guy et Juliette étaient dans une impasse financière, c’était se vendre comme amis ou la rue. Ils vivent dans un placard, sont nourris quand leurs propriétaires y pensent. Sortis à la demande, pour une bonne soirée. Petit à petit, les exigences augmentent, la tension monte, la situation dérive.
J’attendais d’Olivier Schmidt une mise en scène déjantée, et j’ai été servi. Il revisite le texte, l’habille de petites pastilles qui en exhaustent l’acidité. Les costumes, les maquillages, la scénographie semblent sortis de l’imagination psychédélique d’un Tim Burton sous substance hallucinogène, les traits sont forcés, colorés sans jamais tomber dans le ridicule, l’abus ou la caricature gratuite.
Comme dans les précédentes pièces montées par Olivier Schmidt, il faut une distribution solide qui se donne à fond et tienne le choc, elle est emmenée par deux actrices de talent. Fanny Toquero campe une Odile torridement idiote, qui aligne les fautes comme autant de perles. Elle pousse le curseur très loin sans jamais en faire trop, j’ai presque regretté qu’elle n’en fasse pas un peu plus encore. Jenna Walquenart est une Juliette toujours sur le fil, au jeu parfaitement juste, dont le regard exprime le fond de la pensée. Face à elles, es maris sont un peu en recul. Jacques est joué par Benjamin Martin, Guy par Benjamin Thomas dont les mimiques renforcent la folie Burtonnienne du parti pris.
Je suis sorti de la salle en ayant savouré cette version déjantée, ils se sont emparés de ce texte pas vraiment profond et souvent repris, ils en ont fait un bonbon acidulé et pétillant dont on reprendrait volontiers un deuxième. Un vrai plaisir, intense et contagieux.
Au Théâtre Montmartre Galabru jusqu’au 24 novembre 2022
Mercredi : 19h30
Texte : Gabor Rassov
Avec : Benjamin Martin, Benjamin Thomas, Fanny Toquero, Jenna Walquenart
Mise en scène : Olivier Schmidt
Compagnie Libre d’Aimer