Robins – Expérience Sherwood au Théâtre 13 : une joyeuse troupe suit les modes du moment pour, à travers une prise de position politique, laisser le spectateur décider ce qui reste de sincérité et d’efficacité au révolté qui intègre l’ordre établi pour faire bouger les choses

Sur la scène, trois grandes cibles en paille, un arbre, un touret de bois posé en table, un barnum. Six silhouettes viennent s’assoir dans l’ombre, qui chantent, comme le ménestrel conteur le fait dans la version Disney. Une photo, projetée sur le barnum, un petit garçon déguisé en Robin des Bois. « Bonsoir, j’ai quatre ans sur cette photo ». Pour le carnaval de l’école, sa mère lui a fabriqué un déguisement de Robin des Bois.
On est dans une sorte de happening télévisé, un joyeux bordel à la Droit de Réponse où des historiens, des activistes, une préfète viennent expliquer leurs luttes à la lumière du Robin qu’ils ont en tête. On revient ensuite à l’époque de Robin, voilà Mathilda-Marianne, Petit Jean, Frère Tuck qui nous racontent l’histoire à leur façon, celle de la chanson de geste, pas la version animée-acidulée.
La pièce emboîte les prises de positions politiques et imbrique les questionnements. On y parle de décroissance, du fonctionnement idéal d’une communauté, de la façon dont le clergé pressure les propriétaires terriens, qui eux mêmes pressurent les paysans. Jusqu’à un entracte un peu foutraque, où le public descend sur scène apprendre à tirer à l’arc, boire une bière…
A l’issue, l’ambiance est différente, le Shérif puis le Roi Richard viennent remettre de l’ordre.
La mise en scène surfe sur les modes du moment, avec vidéo live, interviews reconstituées, effets divers, acteurs qui s’interrogent sur la distribution, sur la nécessaire diversité… comme un exercice de style, avec quelques longueurs et et de belles fulgurances, certains monologues, de Marianne en particulier.
Le véritable intérêt de la pièce, c’est qu’elle n’est pas totalement manichéenne. C’est un joyeux bordel jusqu’à l’intervention du Shérif et du Roi Richard, ils échappent à la brutalité gratuite, ont l’occasion d’exprimer leur point de vue : un certain ordre est nécessaire; il y a des choses à améliorer; ce qui fonctionne à l’échelle d’une forêt ne peut fonctionner à l’échelle du pays; pour faire bouger les choses, il faut être à l’intérieur du système. S’appuyant sur la chanson de geste, deux lignes vont se séparer, Marianne, née noble, prend la tête de la communauté de la forêt quand Robin, né yeoman, accepte l’anoblissement, les terres et le poste de ministre. Robin n’est décidément plus le héros naïf chanté par le ménestrel animé, ni le justicier pas encore masqué qui prend aux riches pour donner aux pauvres, c’est un homme pragmatique qui fait ce qu’il pense nécessaire pour faire bouger les choses. Est-ce qu’il y arrive, ou est-ce que l’ordre l’absorbe pour mieux le contrôler, la question reste posée.
Au Théâtre 13 Bibliothèque jusqu’au 8 octobre 2021
Du mardi au samedi : 20h00 – dimanche : 16h00
Écriture : Laureline Le Bris-Cep, Gabriel Tur et Jean-Baptiste Tur
Mise en scène : Laureline Le Bris-Cep, Gabriel Tur et Jean-Baptiste Tur
Avec : Thomas Delpérié, Adrien Guiraud, Laureline Le Bris-Cep, Nolwenn Peterschmitt, Gabriel Tur, Jean-
Baptiste Tur, Richard Sammut
En tournée :
Le 9 novembre 2021 – Théâtre Molière – Sète, Scène nationale archipel de Thau (34)
Les 18-19 novembre 2021 – Théâtre de Vanves, scène conventionnée (92) – dans le cadre du festival OVNI
Du 22 au 24 mars 2022 – L’Archipel, Scène nationale de Perpignan (66)
le 8 avril 2022 – Théâtre Roger Barat – Herblay-sur-Seine (95)
Les 26 et 28 avril 2022 – Théâtre de Lorient, Centre dramatique national (56)
Les 3 et 4 mai 2022 – La Passerelle, Scène nationale de St-Brieuc (22)
Le 31 mai et 1er juin 2022 – L’espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône (71)