
Salomé in Berlin au Théâtre de Nesle : un parti pris intéressant pour une pièce sympathique qui gagnerait à aller au bout de son sujet.
Sur la scène, une barre de pole dance, un bar, des bouteilles d’alcool, un seau à champagne. Un fond musical lancinant, de la techno. Du fond de la salle une voix se met à lancer des propos en anglais, « Adonaï », « It’s a menace », une mélopée de prédications en anglais. Deux hommes entrent sur scène, « Wilkomen in Berlin », puis deux femmes, une autre. Comme la princesse Salomé est belle ce matin.
On est dans Le Trésor, une boite berlinoise, pour cette adaptation de la pièce d’Oscar Wilde. Hérode en est le propriétaire, qui a tué son frère, en a épousé la femme, et désire Salomé, leur fille, princesse capricieuse qui veut embrasser le prophète, lequel refuse. Hérode met sa fortune à ses pieds, Salomé demandera la tête de Ionakaan le prédicateur pour danser, l’obtiendra, et finira décapitée.
On n’est pas vraiment dans le Trésor, en fait, on est plutôt derrière, dans la ruelle qui dessert la porte de service, de ces ruelles où la violence et la crasse sont la norme. La musique est assourdie, la lumière sombre, ce qui crée une ambiance glauque, une invitation à agir pour tuer l’ennui, pour faire se lever la brume des substances addictives, sous la mélopée de prédications dont on se demande si elles ne sont pas le produit d’un cerveau grillé.
Voilà la danse des sept voiles. Ambiance, personnages, musique, tout est en place pour un numéro d’envergure, pour qu’on comprenne pourquoi Hérode est prêt à tout donner, fut-ce son royaume, pour voir danser Salomé, pour. Et c’est ma déception. J’attendais quelque chose de majestueux, une danse pleine d’animalité, de sensualité, de beauté pure peut-être… à la place, en fond de scène, un numéro appliqué de pole dance.
Un parti pris intéressant, donc, qui tient la route, dont l’apogée a besoin d’une profonde reprise.
Au Théâtre de Nesle jusqu’au 25/09/21
Les 03/09, 04/09, 07/09, 14/09, 24/09, 25/09 à 21h00
Texte : Oscar Wilde
Avec : Victoria Rameau, Marcel Korenhof, Anne Langlois, Saxon Kvodel, Coline Mathieu, Robin Roland, Corentin Rivière
Mise en scène : Clarisse Marchesin