La Morsure de l’Âne

La Morsure de l’Âne, le coma de Paco, une belle invitation à prendre le temps de choisir le sens que chacun veut donner à sa vie avant de ne plus avoir ce choix.

(c) einesichtweise

La scène est sombre, noire, on entend un grondement sourd. Un homme est couché, sur un plateau tournant. « Ca va durer longtemps, cette mort ? » Un âne s’approche, le mord. « Vivez, mourez, mais choisissez ».

L’homme, c’est Paco, il n’est pas mort, il est dans le coma. Un coma dans lequel il a un niveau de perception, un niveau de conscience. Dans lequel le temps ne se déroule pas, passé et futur coexistent.

Paco va devoir choisir, vivre, mourir. Mais pour quelle raison ?

Paco n’est pas seul, dans le coma. Il y a l’âne, qui le porte et le teste. Il y a la mort, assez philosophe. Il y a une jeune femme en rouge qui savoure la mort autant qu’elle savoure la vie, une femme âgée qui a eu une belle vie. Il y a les siens, sa femme, son fils qui est déjà né, sa fille qui ne l’est pas encore. Il y a son corps, il ne s’en est pas occupé, qui se charge de le lui rappeler. Tous lui parlent. Il écoute.

La morsure de l’âne est une pièce dont la gestation a été longue, 4 ans pour écrire le texte, 10 ans pour en parler, 2 ans pour le monter. Ce qui reste est essentiel, et le résultat est une réussite.

Le texte de Nathalie Papin est ciselé. On y trouve de petites phrases, étranges au premier abord, évidentes la seconde d’après, aphorismes ou maximes selon votre approche de la vie.

La scénographie, qui se dévoile petit à petit, plus complexe que le plateau vide qu’on croit apercevoir au début. Et la lumière. Un grand jeu de clair obscur, presque un personnage à part entière, qui souligne sans jamais réellement éclairer, au service de la mise en scène épurée d’Emilie Le Roux, du jeu des cinq acteurs.

Paco n’est pas enfermé dans un Huis Clos, où il subirait inexorablement une éternité dans l’enfer des autres. Paco n’est pas en train d’attendre que s’allume le panneau Exit au dessus de la porte qu’on décidera qu’il doit emprunter. Paco fait son examen de conscience.

« Personne ne comprend la nécessité de s’arrêter sans raison » ? La leçon de la pièce est dans cette petite phrase. Ce coma, ces rencontres, sont la chance de Paco. La chance de se poser, de considérer sa vie, ce qu’elle est, ce qu’elle pourra être. De choisir de vivre ou non. De choisir sa vie.

Une pièce colorée et optimiste, que vous pouvez aller voir en confiance, en famille, entre adultes, même sans l’excuse d’accompagner des (pré)ados.

Paco choisit, c’est sa chance. J’ai vu la pièce en période confinée, quand les portes, et pas seulement celles des théâtres, allaient se rouvrir dans un futur indéfini. Le hasard a bien fait les choses, qui nous apporte La Morsure de l’Âne maintenant. Nous, chacun, tous, nous sommes arrêtés, sans en comprendre la raison. Nous, chacun, tous, avons le choix de ce que nous voulons faire de notre vie d’après.

Tous publics à partir de 10 ans

En tournée :
15 décembre 2020 : Très Tôt Théâtre – Quimper
3 – 6 février 2021 : Théâtre de la Ville / Abesses – Paris
14 – 15 avril 2021 : Festival petits et grands – Le grand T – Nantes
En cours de programmation :
Bonlieu – Annecy – Marseille

Texte : Nathalie Papin
Mise en scène : Emilie Le Roux
Avec : Julien Anselmino, Dominique Laidet, Lou Martin-Fernet, Martine Maximin, Najib Oudghiri

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