Les Survivantes, cinq femmes qui vendent leurs corps au bord d’une autoroute, cinq femmes qui vont se battre, cinq femmes qu’il faut soutenir.

Sur la scène, des feuilles mortes, une chaise en formica, quelques parpaings. Le rideau de fer se lève, dévoile une structure métallique, une table. Un homme se fait faire une fellation, en parlant à sa fille hors champ : « Tu finiras femme de ménage, ou pute, comme ta mère ». Le ton est donné.
Dans cette station service, à l’extérieur, on va écouter cinq femmes parler. Cinq femmes, cinq histoires de prostitution différentes, plus ou moins subies, plus ou moins assumées, chacune avec son rayon d’espoir de s’en sortir. Cinq femmes face à un homme composite, tour à tour maquereau, client honteux ou client flamboyant. Il y a la fille de l’est, sous l’emprise d’une mafia qui tient son petit frère. La chef d’entreprise, restée seule face aux difficultés économiques. La femme mûre, venue par choix et qui mène le combat pour qu’elles s’en sortent toutes. La femme de couleur, tenue par le chantage religieux. La femme qui fait des massages, mais en body et avec finition.
C’est une pièce témoignage, construite sur des phrases de prostituées. Elle raconte les faits, dit les choses, la concurrence d’Internet et l’insécurité croissante. Comme souvent dans les pièces témoignage, j’ai eu du mal à rentrer dedans, j’étais observateur des faits, attentif mais extérieur. Le rythme peut-être, ou l’inégalité de la distribution.
C’est presque un devoir d’aller entendre leurs mots. Pour ne plus pouvoir dire qu’on ne savait pas. Pour voir l’être humain derrière la pute quand on sera amené à en croiser. Pour les soutenir.
Au Théâtre 13 / Jardin jusqu’au 5 avril 2020
Du mardi au samedi : 20h00 / dimanche : 16h00
Texte : Isabelle Linnartz et Blandine Métayer
Avec : Amel Charif, Gigi Ledron, Isabelle Linnartz, Jean-Claude Leguay, Blandine Métayer, Catherine Wilkening
Mise en scène : Isabelle Linnartz