Quelque part, une dictature est en train de tomber. Quatre femmes sont réunies, qui vivent ces derniers instants. Un texte poupée russe où chacune se dévoile petit à petit, un beau travail de troupe qui prend l’attention du spectateur et ne la lâche pas.

Sur scène, le salon d’un appartement. Design dépouillé intemporel, au mur un tableau. Le luxe vient de l’espace, de la hauteur de plafond. Quatre femmes entrent, viennent au bord de la scène, se mettent en place. Il y a Micheleine, la maîtresse de maison, son mari est en retard. Geneviève, une amie qu’elle tient sous sa coupe. Kathryn, photographe, qui vient photographier le mari de Micheleine. Gilma, guide et interprète de Kathryn. Ioulio, le mari, n’arrive pas. Au loin, des grondements. Chacune a sa faille, sa fierté, sa faiblesse, ses travers. Chacune voudrait être ailleurs. La guerre civile s’approche. Micheleine ne fuit pas.
Splendeur est une poupée russe. Les quatre personnages vont jouer, rejouer la même scène. Le même vase va se casser, le même téléphone sonner dans le vide. La même scène, et pourtant une autre scène. Ces quatre femmes changent de point de vue, de rythme, elles approfondissent un souvenir, un sentiment. Les mots sont les mêmes, le sens évolue. Parfois, l’une d’elle s’abstrait du jeu, et commente. Petit à petit, elles construisent quelque chose de terrible, qui rappelle les derniers jours du couple Ceaucescu.
Je suis rentré intrigué dans la salle, j’en suis sorti convaincu. Il se passe tellement de choses sur la scène que je n’ai pas pris une seule note, l’attention prise du début à la fin.
C’est du bon théâtre anglais, celui où la vérité se dévoile couche après couche sans qu’on soit jamais tout à fait convaincu qu’il ne reste pas une autre couche à enlever. Du bon théâtre anglais solidement joué, une performance de groupe plus qu’une somme de performances individuelles, un peu comme un groupe de musiciens qui se soutiennent les uns les autres.
Au Théâtre 71 Malakoff du 28 au 31 janvier 2020 et en tournée :
– du 4 au 8 février 2020 : la MC2 Grenoble – scène nationale
– le 20 février 2020 : MA, scène nationale – Pays de Montbéliard
– le mardi 3 mars 2020 : le Manège, scène nationale Maubeuge
– le vendredi 6 mars 2020 : la Comète – Scène nationale de Chalons en Champagne
– les 10 et 11 mars 2020 : MCB°, Maison de la Culture de Bourges
– du mardi 24 au vendredi 27 mars 2020 : Théâtre de l’Archipel – Scène nationale de Perpignan
Texte : Abi Morgan traduit par Daniel Loayza
Avec : Christiane Cohendy, Roxanne Roux, Laurence Roy, Anne Sée
Mise en scène : Delphine Salkin