Pierre Notte vient parler du spectateur, à travers lui du théâtre, ce ce qui fait qu’on aime le théâtre, de ce qu’on y ressent. Il s’amuse, son plaisir est entraînant, le spectacle est savoureux.

Sur la scène, une guirlande lumineuse matérialise un espace, on voit un ensemble d’objets hétéroclites, une chaise, un cerceau de hula hoop, un tabouret, un melodica, un revolver. Pierre Notte est déjà là, souriant, en tenue de ville, qui interroge, est-ce que tout le monde sait bien ce qu’il fait là ? Parce que ce n’est pas une pièce, c’est une conférence. Devant nous, il s’habille (enlève jean, chaussures et pull), met son chapeau, et commence, un peu provocant, quelle est la différence entre le spectateur et un porc ?
Pierre Notte parle du spectateur de théâtre, qui il est, ce qu’il est, ce qui le différencie du spectateur de cinéma, du lecteur. de la toux qui se déplace dans le public, de la convention salut-applaudissements-rappels. De ce que lui attend quand il est spectateur. De la façon dont le metteur en scène crée l’attention, joue avec celle du public comme un prestidigitateur. Créer l’impression de la chute, l’empathie avec le personnage, pas la peur pour l’acteur, comme le funambule, la juste dose pour faire sentir le danger. De l’acteur et de son professeur, de l’acteur et du metteur en scène.
Pierre Notte s’amuse, en fait. Il joue, avec le public, avec ses limites – celles du public, les siennes. Il s’amuse, prend plaisir à être là, plaisir à raconter.
J’ai écouté, j’ai partagé son plaisir, me suis souvent retrouvé en accord. Admiré la performance, aussi, parler si longtemps à ce rythme en faisant tourner un hula hoop autour de ses hanches, en faisant oublier le hula hoop au spectateur, chapeau.
C’est un effort d’être spectateur ? Bien sûr – et la salle Topor du Rond Point n’est pas inconfortable. Mais qu’est-ce que ça vaut le coup !
Au Théâtre du Rond Point jusqu’au 1er décembre 2019
Du mardi au samedi : 18h30 – dimanche : 15h30
Texte, mise en scène, interprétation : Pierre Notte
Une réflexion sur “L’effort d’être spectateur”