Une belle soirée intimiste dans l’univers de Jean-Jacques Boitard, un artiste à l’image de ses chansons, généreux et sympathique.

Vous voyez les cheveux blanc de Doc Brown dans Retour vers le futur ? Vous vous souvenez de Ricet Barrier ? Mettez dans un shaker, ajouter une bonne dose de générosité, et voilà le Jean-Jacques Boitard extraverti que j’ai eu l’occasion de croiser deux-trois fois, dont j’ai écouté les disques, et certain titre qui me parle en boucle.
Sur scène, avec ses deux guitares, ses trois chapeaux, en mode acoustique pur (pas de micro pour la voix, pas d’ampli pour la guitare), dans une lumière intimiste, Jean-Jacques Boitard est pudique, presque timide.

Parlons-en, d’ailleurs, de sa guitare, une guitare particulière, unique, fabriquée sur mesure par Joël Laplane. Elle a un manche en bois d’Afrique, un cordage classique et… 12 autres cordes spéciales, dites «sympathiques».
Rimarien, Tagadagada Gadin, Gitane. Marie, Marguerite. Jour de fête à Massilia, Boulevard Pharamond. Dans le labyrinthe gris de tes cheveux. Waf waf. Les titres s’enchaînent, Jean-Jacques Boitard chante son univers. La vie, l’histoire, l’amour. Il chante sa ville. Le temps qui passe. Jacques Prévert.
Jean-Jacques Boitard chante le monde avec sympathie – oui, comme ses cordes. Une sympathie sans naïveté ni causticité. Un peu râpeuse, parfois, comme du papier de verre. La vie, polie par ce papier de verre qu’est la boitarderie (le mot est de Claude Lemesle), est plus lisible, plus nette. Plus belle, aussi.
Assis au deuxième rang, dans ce mode acoustique total, j’ai passé une bonne soirée, à laisser mon esprit divaguer au gré des chansons, comme on passe une bonne soirée chez un ami musicien qui, après un bon repas, sert une tournée d’armagnac (ou plutôt une poire venue de nulle part dont vous me direz des nouvelles), prend sa guitare, baisse la lumière et, tranquillement, un peu ému, parfois hésitant, chante avec pudeur les quelques chansons qu’il vient de terminer.
Au Théâtre de Nesle et ailleurs
Textes et musiques : Jean-Jacques Boitard
Mise en scène : Patrice Pleutret