Louise au parapluie

Louise au parapluie, à voir pour les moments de grâce que donne Myriam Boyer

Pour décor, une cuisine des années psychédéliques, formes géométriques, couleur orange, les années 60. Un gros radio cassette, les années 80.

Louise est là, voilà son fils, Antoine, muni d’une tablette, vêtu d’un survêtement rouge, dont les étiquettes n’ont pas été enlevées. Elle est ouvrière dans une usine de parapluies, il est influenceur, elle lui donne son avis tranché. Louise va se présenter aux élections municipales, découvrir la dureté d’une campagne, monter une SCOP.

Le texte fait se réunir les anciens et les modernes. On parle de youtubeur-homme sandwich, du parapluie devenu un objet de consommation. On parle de lien. J’attendais une pièce politique dans le registre de la démonstration ou de la revendication, j’ai vu une pièce humaine et généreuse. J’ai vu une femme généreuse découvrir qu’elle pouvait abriter plus de monde sous son parapluie. Plus de monde, mais pas tout le monde. Plus de monde, un monde formé de gens qu’elle aura choisis.

La pièce est à voir pour Myriam Boyer. Son défilé de mode est savoureux, elle est Louise avec une grande justesse, les moments où elle est seule sur scène sont des moments de grâce, elle prend son temps, j’aurais voulu qu’ils durent encore. C’est le talent de l’acteur d’emmener le spectateur ailleurs d’un geste, d’un regard, d’un mot, Myriam Boyer est une grande actrice. Elle m’a pris, elle m’a emmené, elle m’a fait voyager. Ce qui lui arrivait me touchait, la façon dont elle le ressentait m’émouvait.

Pour le reste, beaucoup de détails m’ont gêné : la distribution est très inégale, personne ne stocke dans le même placard une bouteille de champagne (déjà ouverte ?) et des flutes, la peinture est trop propre pour n’avoir pas été repeinte en quarante ans, tous les placards qu’on ouvre sont vides… Certains goujats offrent un bijou en toc dans un écrin de grande marque récupéré. Louise au parapluie, c’est le contraire, il y a un beau bijou, présenté dans un écrin un peu trop cheap. Comme Louise abrite sous son parapluie ses amis tels qu’ils sont, Myriam Boyer emmène la pièce, telle qu’elle est.

Vous pouvez aller l’applaudir, elle le mérite.

Au théâtre du Gymnase – Marie Bell
Septembre 2019 : du mardi au samedi 20h00, dimanche 17h00
Octobre-Novembre-Décembre 2019 : Mardi/Mercredi : 20h00 – Jeudi/Vendredi/Samedi : 21h30 / Dimanche : 15h30

Texte : Emmanuel Robert-Espalieu
Avec : Myriam Boyer, Prune Lichtlé, Guillaume Viry
Mise en scène : Emmanuel Robert-Espalieu

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