Prose du Transsibérien

Un beau voyage dans le mythique Transsibérien, un beau voyage intérieur.

Transsiberien

Sur la scène, un violoncelle attend, devant un siège haut. Marc Lauras entre en scène, s’assied, prend son violoncelle dans les bras, pose sa tête contre son épaule, il sourit. Il commence à raconter.

Il raconte l’histoire de Blaise. Il a seize ans, il vit à Moscou, la ville des sept gares et des mille et trois clochers. Il accompagne un joaillier qui transporte plus de trente coffres de bijoux, qui lui a donné un browning. Il voyage, traverse les paysages, croise les destins. Et les pas de Jeanne, le corps de Jeanne, venue de Montmartre, Jeanne qui vend son corps. En train on observe, on rencontre, on pense. Blaise observe, rencontre, pense, le voyage dure.

Marc Lauras est habité par l’histoire de Blaise, il raconte l’histoire de Blaise d’une façon passionnante, il prend le spectateur par la main, il l’embarque avec lui, et avec lui il traverse la Russie. Un beau voyage.

C’est tout le paradoxe de ce spectacle que d’arriver à raconter un long voyage en restant immobile, que de dire un long poème de Blaise Cendrars sans jamais le réciter, appuyé sur la mélancolie de son violoncelle, sur la plasticité de son visage.

Je suis entré curieux dans la salle. Curieux parce que les projets qui habitent leur porteur me fascinent, que Marc Lauras a découvert ce texte au début de sa carrière, il y a plus de trente ans, qu’il en a touché la réalité en arrivant un matin glacé sur la place Rouge. Curieux parce que quatre cents vers n’occupent pas une heure. Je suis entré avec le souvenir d’un autre voyage en Transsibérien, en ayant écouté un autre voyageur réciter le même texte, réciter le texte et non raconter l’histoire.

Je suis sorti touché. J’avais revécu mon adolescence, ce moment où on veut oublier son enfance, où on découvre le monde et sa violence.

Un long poème du début du vingtième siècle, ça peut faire peur, sembler réserver aux têtes chenues. Marc Lauras le rend vivant, si vous savez lâcher prise, vous laisser emporter, vous ferez avec lui un beau voyage en train, un beau voyage intérieur.

Au Centre Mandapa le 12 juin 2019
Du 5 au 28 juillet 2019 à La Maison de la Poésie d’Avignon à 12h35

Texte : Blaise Cendrars publié au Editions Denoël
Musique violoncelle et jeu : Marc Lauras
Mise en scène : Olivier Borle

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