Un beau texte bien joué sur la façon dont une mère culpabilise son fils issu d’une relation extraconjugale, dont j’ai trouvé la fin anticipée et frustrante.
Sur scène, un interphone, un fax. Un meuble familial qui hésite entre bureau, table basse, rangement. Un bureau en verre.
Un policier amène un jeune homme menotté à une autorité qui demande qu’on lui laisse ses menottes, lui demande de raconter. Alors il raconte. Sa vie. Sa vie avec sa mère.
Sa mère qui est la maitresse de son père, lui est père de famille, marié. Les quarante ans de son père, devant un interphone. Les autres hommes de sa mère. Le psy. Son père repoussé quand l’épouse découvre tout et le chasse.
Il raconte sa vie, sa mère qui parle, parle, parle, parle devant lui, le prend à témoin, le rend témoin. Elle exprime sa rage, sa frustration, sa haine, sa peur. Elle vit par lui, pour lui, tout ce qui se passe se passe à cause de lui.
Jusqu’à ce que sa mère arrive dans le bureau du juge.
J’ai apprécié le jeu de la distribution. Laetitia Richard porte l’essentiel du texte, elle le sert avec conviction et crédibilité. Face à elle, Rémi Goutalier est un adolescent de 17 ans silencieux, au jeu fait d’expressions toutes en nuances.
Je trouvais le texte efficace et juste, je savourais le jeu des acteurs, mais je suis sorti surpris et frustré. Surpris par le moment où elle prend fin. Frustré par l’absence de réponses aux questions qu’elle avait elle-même posées. Une sorte de coitus interruptus théâtral.
Au théâtre Essaïon jusqu’au 18 mai 2019
Du jeudi au samedi : 19h45
Texte : Jean-Pierre Klein
Avec : Laetitia Richard, Regis Romele, Patrick Courtois et Remi Goutalier.
Mise en scène : Michel Laliberté, assisté d’Agathe Quelquejay