Rapport pour une académie

Belle adaptation d’une nouvelle de Franz Kafka, qui prend le temps de transmettre clairement son message, visible par tous à partir de 10 ans.

Rapport

Sur scène, une longue caisse rouge.

Un singe costumé, il porte une robe, sort d’une scène qui serait dans la coulisse, sautille pour retourner saluer, retourne encore, encore. Il enlève son costume, se démaquille. Change à nouveau de costume, enlève son masque.

Il s’adresse à nous, nous sommes des académiciens, il nous présente un rapport sur la façon dont il a quitté sa singitude.

Alors il raconte son histoire, ses blessures, sa capture. Son voyage dans une cage étriquée, dans la cale d’un bateau. Son apprentissage du comportement humain, de l’alcool. Son incompréhension de certaines réactions de ces humains quand pourtant il ne s’agit que de montrer la réalité. Ses choix, variété ou parc zoologique, par exemple.

Je suis sorti convaincu par cette pièce. Par le long silence dans lequel elle commence. Par les postures de Mahmoud Ktari. Par la façon dont il plante ses yeux dans ceux des spectateurs, pardon, dans ceux des académiciens à qui il veut faire passer un message. Par la caisse rouge et ses nombreux usages. Par les masques et les costumes qui sont la marque de fabrique de Khadija El Mahdi.

Il joue lentement, il prend le temps de dire le texte, un texte qu’il ressent, qui l’inspire, qui l’habite, un texte Kafkaïen que l’adaptation de Vincent Freulon a concentré sur l’essentiel, un texte devenu aussi tranchant qu’un scalpel.

Il joue lentement, et transmet un message, un message simple, un message clair. Il n’a pas cherché à retrouver la liberté qu’il avait perdue, il a cherché une issue, une solution. Elle est ce qu’elle est, elle marche… tant qu’il fait attention. Parce qu’au fond l’ex-singe n’est pas vraiment devenu un homme, aux yeux de tous il reste un grand singe blanc.

Baroudeur était là. Assis au premier rang, il est resté concentré pendant toute la pièce, hypnotisé. Son avis : « J’ai bien aimé la pièce. J’ai vécu toutes les émotions du singe. J’ai aimé les costumes. J’ai compris la morale de cette pièce : quand on est enfermé (sauf en prison) il vaut mieux trouver une issue que de chercher à tout prix la liberté ». Un peu plus tard, il précise : « C’est comme dans la vie, quand on a un problème, c’est mieux de chercher une solution que de s’énerver ».

Le propos est profond, il est transmis efficacement sur un mode ludique, il porte.

Vous pouvez y aller en confiance, en famille, et en parler ensuite.

Au théâtre La Croisée des Chemins jusqu’au 4 mai 2019
Samedi : 19h30

Texte : Franz Kafka
Adaptation et traduction : Vincent Freulon
Avec : Mahmoud Ktari
Mise en scène : Khadija El Mahdi

Une pièce éligible aux P’tits Molières 2019

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