Riton Liebman, Christian Beloeil à 13 ans dans Préparez vos mouchoirs, a maintenant 55 ans. Avec beaucoup de bienveillance, il raconte les anecdotes qui ont marqué sa jeunesse, jusqu’à 22 ans, ses espoirs déçus. Un bon spectacle, émouvant et juste.

(c) Yves Kerstius
Sus scène, un lit, qui ressemble à celui dans lequel je dormais enfant, un bureau, quelques objets. Riton Liebman s’avance, s’adresse au public, pose quelques questions. Affirme qu’il se fout des réponses, qu’il ne les pose que pour créer du lien, une volonté du metteur en scène. Lui, il est comme un cygne qui glisse majestueusement sur un lac : en dessous, les petites pattes s’agite.
Une gorgée, c’est du Sprite. Pas facile la convivialité quand on ne boit plus, on peut enfiler les pintes de bière ou les vodkas, mais 12 Cacolac… Riton Liebman récite la prière de la sérénité, celle qu’utilisent les … anonymes.
Puis il raconte. Il raconte la vie de Riton Liebman, jeune lycéen belge qui joue au kicker dans les bars, sa scolarité mélant chahut et ennui, sa passion pour les Stones, sa mère qui jette l’annonce passée par Bertrand Blier, sa petite soeur qui la lui apporte… Il raconte le tournage, la vie d’après, les espoirs, les déceptions.
Il raconte des anecdotes, qui laissent une large place à l’imagination du spectateur, j’imagine encore la tête qu’a dû faire Jean-Louis Trintignant. Il raconte les gens, ceux qu’il a croisés, ceux qui l’ont soutenu, les autres. Il raconte sa dépendance, sa psychothérapie (26 ans à 9 séances par semaine ???). Il raconte les deux éternelles questions : « Alors, il est sympa, Depardieu ? Et Carole Laure, tu l’as vraiment… ? ». Il raconte sa vie, de 13 à 22 ans. Il raconte, avec justesse, l’ambiance de la fin des années 1970, quand tout était possible, quand presque tout était permis.
J’ai senti beaucoup de bienveillance dans ce spectacle. Il y a les gens qui l’ont aidé, on sent les remerciements. Et les autres, c’est juste un fait, c’est comme ça, il n’y a pas d’aigreur. Le texte m’a emporté, la mise en scène efficace aussi.
La vedette du quartier est un beau spectacle, Riton Liebman, l’acteur, donne vie à Riton Liebman, le personnage écrit par l’auteur Riton Liebman. Il nous fait partager sa vie, ses émotions, ses espoirs, ses déceptions, pour le plus grand plaisir des spectateurs, qui ont longuement et chaleureusement applaudi à la fin du spectacle.
Riton Liebman est un homme bon, ça se sent. Qui répond, à la fin du spectacle, aux questions éternelles.
Baroudeur était présent, les yeux rivés sur Riton Liebman. En sortant, il m’a demandé si Riton Liebman avait vraiment raconté sa vie à lui, si les choses s’étaient déroulées comme ça. Je lui ai expliqué qu’il y a l’auteur, le personnage, l’acteur… et finalement ce que lui a reçu, que c’est ça qui reste du spectacle. Que j’avais un grand oncle, homme politique de la troisième république, formidable conteur d’anecdotes également, qui, quand on lui demandait si l’histoire était vraie, répondait systématiquement « bien sûr qu’elle est vraie, je viens de l’inventer ».
C’est vrai, la question se pose, assiste-t-on à la catharsis de Riton Liebman ? Le spectateur est un peu voyeur, il y participe forcément, sans trop savoir ce qui relève du personnage, de l’acteur, de l’auteur, de l’homme tout est mélangé, mis en abyme. A la sortie, ce n’est pas important, ce qui reste, c’est la qualité du spectacle, et, à nouveau, c’est un bon spectacle, un spectacle juste, un spectacle bienveillant, qui évite les lamentations ou l’auto complaisance.
L’avis de Baroudeur : « On a vu la vie de cet homme, les gens avec qui il a joué, des séquences des films qu’il a tourné (mais chutttt…). Je me suis senti très proche de lui. Il a eu une vie compliquée. Maintenant il a l’air d’aller bien, je suis content pour lui. Je suis très content d’avoir vu cette pièce, elle a parlé à mon coeur de petit garçon. Au fond de moi, je ne sais pas dire si il a eu de la chance ou pas. »
Au Petit Saint Martin à partir du 29 janvier 2019
Du mardi au samedi en alternance à 19h00 ou 21h00
Tournée :
3 mai : Centre culturel Charlie Chaplin – Vaulx-en-Velin
Texte : Riton Liebman
Mise en scène : Jean-Michel Van den Eeyden (collaboration)
Avec : Riton Liebman