Une adaptation intéressante de la nouvelle d’Herman Melville, qui en renforce la noirceur.
Qui est Bartleby ? Que fait-il ici ? Qui est cet homme qui arrive un jour chez un notaire de Wall Street pour n’en plus sortir, pour petit à petit s’opposer à tout ce qu’on lui propose, demande, d’un calme « Je préfère ne pas » ? La mécanique de l’étude était bien réglée ? Bartleby la dérègle, la chamboule, la bouleverse en ne faisant pas grand chose, petit à petit il en arrive à ne rien faire. A ne rien faire avec constance, à ne rien faire en occupant tout l’espace, Bartleby s’installe dans l’étude, ne la quitte plus.
Sous la contrainte, l’étude déménage, Bartleby ne part pas, Bartleby bouleverse la vie de l’immeuble, le notaire n’en est pas débarrassé pour autant, au fond, il s’y est attaché. Jusqu’à l’emprisonnement de Bartleby, sa mort… et l’évocation finale d’un hypothétique emploi précédent au Bureau des Rebuts.
Je suis ressorti de cette représentation avec l’étrange sensation qu’il n’y a pas loin entre la résistance passive de Bartleby et le comportement d’un adolescent, cet être étrange qui émerge d’un enfant pour refuser absolument tout ce qui lui est proposé, dont on ne peut se détacher, il nous touche tout autant qu’il nous énerve.
J’ai été sensible à l’interprétation de Jean-Luc Giorno, qui, dans une ambiance très sombre, un costume un peu grand, semble rétrécir au fil de la pièce, perdu devant ce Bartleby qui s’est imposé à lui, auquel il ne peut rien opposer, dont il ne peut rien faire.
A La Folie Théâtre jusqu’au 17 janvier 2019 – jeudi 19h00
Texte : Herman Melville
Avec : Jean-Luc Giorno
Mise en scène : Yves-Patrick Grima
Je n'ai qu'une vie - Des émotions à partager 