Bérénice 34-44

Une pièce urgente, qui explore la relation à la judéité, qui raconte comment la Comédie Française a traversé la période trouble de l’occupation.

B3444

Sur scène, une méridienne, une malle, une coiffeuse, des paravents, une machine à coudre. Une musique yiddish. Bérénice Kapelouchnik est née le 28 juin 1919, par une erreur de l’employé d’état civil, elle s’appelle Bérénice Capet. Son père Maurice, tailleur, a entendu la guerre durant Louis l’instituteur déclamer les vers de Racine.

A sept ans Bérénice veut devenir comédienne, elle entrera première au conservatoire malgré son père, « actrice, cocotte, ce n’est pas un métier pour les juifs », il prendra le deuil pour ça.

Bérénice entre à la Comédie Française, tombe amoureuse d’un compositeur allemand. Vient la guerre, l’occupation. Bérénice se déclare de pure race aryenne, pour continuer à jouer. Dénoncée, elle entre dans la résistance. Retrouve son père. Disparait.

Il y a une urgence dans ce texte, qui explore la relation à la judéité (« être juif, ça se porte, ça ne se choisit pas ») et la façon trouble dont la Comédie Française a traversé l’occupation, sans hésiter à montrer l’ambivalence de Louis Jouvet.

Sous la férule de Pierre-Olivier Scotto qui assure la mise en scène, Violette Erhart a adapté le livre d’Isabelle Stibbe, elle est seule sur scène. J’ai admiré la façon dont elle continue à jouer tout en changeant de costume.

La mise en scène rend bien l’urgence du texte. Le rythme est rapide, les séquences s’enchainent. Un accent un peu forcé, un accessoire, Violette Erhart passe d’un personnage à l’autre sans perdre le spectateur. J’ai le sentiment que certains personnages secondaires pourraient disparaitre sans perte pour la pièce, laissant plus de place au temps et à l’empathie.

J’ai trouvé la pièce bien faite, bien jouée. Peut-être trop bien faite, trop bien jouée. Le propos est important, profond. C’est important de le transmettre. Si c’était un livre, le transmetteur donnerait son exemplaire, lu, relu, corné, annoté peut-être. En rachèterait un autre, qu’il lirait, cornerait, avant de le transmettre à nouveau. Je ne doute pas que le temps lui apportera cette patine qui m’a manqué.

Au théâtre de Nesle le 09/09-20h00 / 16/09-16h00 / 20/09-19h00

De : Isabelle Stibbe
Adaptation : Violette Erhart
Avec : Violette Erhart
Mise en scène : Pierre-Olivier Scotto

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