Dieu est mort

Dieu est mort, un spectacle foutraque et attachant qui se savoure comme on parcourt un vieil album photos.

Dieu

Un téléviseur SABA, une malle de voyage, un coffre auquel est appuyée une guitare électrique. Sur une console, un aquarium en forme de jante de roue de voiture. En fond sonore, une musique presque concrète. Une forte odeur d’encens. Une intro à la guitare électrique.

Ca fait deux ans que je n’ai pas eu de sexe, ma mère ne veut pas. Le ton est donné. Un homme dans la force de l’âge, resté l’enfant de dix ans qu’il a été. Avec lui, on va feuilleter l’album photo de ses souvenirs. De ces photos qu’on faisait avec un Instamatic Kodak, quand il fallait attendre une semaine pour voir le résultat, qu’on gardait une photo un peu floue parce que c’était la seule sur laquelle on voyait la tante Alice. Qui par ailleurs était assez ennuyeuse. L’album de ses souvenirs d’enfant sage, élevé par sa mère pieuse.

Forcément on y croise des trucs bizarres. Une consultation chez le psy. Un prof de philo désarçonné. Le soir de l’élection de François Mitterrand. Une compilation de Michel Sardou. Forcément il y a une ligne de force. La Bible, la religion, tu dois croire, aller à la messe le dimanche matin. Une lutte contre cette ligne de force. Forcément il y a des blessures. Le père absent, croisé six ou sept fois, ses cendres jetées dans la mer. Sa sœur, la lueur dans son univers. Ses cendres aussi finissent dans la mer. Forcément on va parler amour, rire, pleurer.

Et Dieu dans tout ça ? Je me pose encore la question. On parlera vision du monde une autre foi.

A l’arrivée, c’est un spectacle étrange. J’y ai trouvé de l’émotion, de la poésie. Des réflexions philosophiques. Les pastilles de Charlotte Zotto, aussi touchante en Marie – la sœur – qu’en Messie portant sa croix. Elles détendent l’atmosphère. Des interrogations métaphysiques sur la raison pour laquelle les girafes ont un long cou ou la façon dont Dieu comptait les jours avant que la lumière soit. Un spectacle foutraque et attachant. Oui, vraiment, comme cet album de photos, on y retrouve des trucs bizarres, ils y ont leur place.

Au Théâtre Essaïon jusqu’au 24 juin 2018 – du jeudi au samedi 21h30

Texte : Régis Vlachos
Avec : Régis Vlachos, Charlotte Zotto
Mise en scène : Franck Gervais – Christophe Luthringer
Par la Compagnie du Grand Soir

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