Vos barrières sont essentiellement dans vos têtes, voilà le message de Charlotte et Lucie aux spectateurs jeunes et moins jeunes de Jeux d’Enfants ou la Révolte du Piano, un bijou de spectacle pour les petits et les grands, pour lequel nous avons tous eu un coup de cœur et dont nous sommes ressortis avec un large sourire.
Un piano, deux fillettes viennent répéter pendant la récréation, il s’agit de battre Rachel et sa bande à la fête de fin d’année. Mais voilà que la Directrice revient, avec elle ses consignes de morne tristesse, elle est atteinte de sinistrose. Interdiction d’esquisser l’ombre d’un demi-sourire, d’ouvrir les rideaux, les couleurs doivent rester enfermées dehors. Interdiction de jouer et d’avoir des copains. De voir la vie en rose. De toucher à un quelconque instrument de musique. De rêver.
Les couleurs acidulées des robes de Charlotte et Lucie disparaissent, les voilà enfermées dans la cellule de débonhumeurisation, celle qui efface les souvenirs. Jusqu’au moment où elles comprennent que leur enfermement n’est que dans leur tête.
Jeux d’Enfants est un vrai bon spectacle pour enfants. Au delà de l’histoire, de la finesse avec laquelle ils sont invités à participer, ils y apprennent quelques définitions, dont celle de la fugue quand elle est musicale.
Ils reçoivent un message, un vrai message, actuel. Une incitation à ne pas sombrer dans la sinistrose, celle qui touche la Directrice, sans doute, celle qui suinte de notre époque, aussi. Une invitation à garder leur âme d’enfant, leur capacité à voir les couleurs de la vie, à rêver. A prendre conscience que leurs limites sont plus mentales que physiques. Le message est signé Nietzsche ? Les enfants entendent le nom.
Un spectacle qui donne le sourire aux enfants quand ils entendent Nietzsche mérite un grand coup de chapeau, votre soutien, et que vous alliez le voir.
Baroudeur et Fléchette, spectateurs aguerris et parfois blasés, se sont laissés embarquer par la pièce, ils l’ont ressentie avec leur âme d’enfant. Pour Baroudeur, « c’est une belle pièce, bien écrite et bien réalisée, elle m’a appris que les couleurs et la musique peuvent tout changer, que toutes les barrières sont dans nos têtes ». Pour Fléchette, c’est « très bien, vraiment très bien organisé, j’ai beaucoup aimé. J’ai appris du vocabulaire, et que quand tout est perdu, il faut quand même se battre, parce que tout est dans la tête ».
Au Théâtre du Temps : tous les jours à 14h30 jusqu’au 20 avril 2018
Création : Suzel Arnold, Fanny Machet
Avec : Suzel Arnold, Valentine Lion, Fanny Machet
Production : l’Atelier et Cie