Deux mensonges et une vérité

Parfois on se dit qu’on aurait mieux fait de se taire. Mais c’est dur de l’admettre, alors on s’enferre. Voilà le propos qu’explore avec finesse et sans vulgarité l’équipe pleine d’entrain de Deux Mensonges et une Vérité. Un bon boulevard à savourer sans modération.

mensonges

Au soir de leur vingt septième anniversaire de mariage, Philippe est confortablement installé dans sa vie bien tranquille, tenant la position qu’ils se connaissent si parfaitement qu’ils ne peuvent plus se surprendre, y compris dans sa confusion noces d’acajou/noix de cajou. Convaincu du bienfait de cette routine, et plein de mauvaise foi, il lui propose de jouer à Deux mensonges et une vérité, un jeu à la règle simple : l’un doit deviner laquelle des trois affirmations de l’autre est vraie. Si Catherine devine immédiatement la vérité de Philippe, Philippe se retrouve face à une palette de mauvais choix : Catherine a-t-elle fait de la prison, eu un enfant avec un autre homme, ou changé d’identité ?

Philippe est avocat, gouailleur, il veut le dernier mot. Il va s’obstiner, s’enfermer dans sa mauvaise, guetter chaque indice qui confirmerait l’une ou l’autre de ces vérités. Il va s’appuyer sur Edouard, son associé, tandis que Catherine recevra le secours de Juliette, sa fille, et d’un mystérieux Samuel, fils d’un non moins énigmatique Marc.

Il va découvrir que depuis vingt sept ans, il vit avec une femme qui ne lui laisse voir que ce qu’elle a choisi. Se laisser miner par le doute, jusqu’à se demander si Juliette est, au fond, vraiment sa fille.

Deux mensonges et une vérité est une bonne pièce de boulevard. On rit, à gorge déployée, sincèrement. On peut facilement la voir en famille, il n’y a pas ces plaisanteries lourdingues et ces jeux de mots douteux qui sont malheureusement trop souvent la loi du genre. Au contraire, c’est fin, enlevé, bien joué. Les acteurs prennent plaisir à la jouer, ça se sent, ils entrainent la salle dans de grands éclats de rire, chacun s’y retrouve, se laisse embarquer. J’ai, comme toute la salle, savouré les grands moments de bravoure de la pièce, les plaidoiries des deux avocats, les dialogues surréalistes entre un Philippe complètement perdu et une Catherine qui le menait par le bout du nez. Et Edouard, le bon copain, prêt à tout pour aider son ami, cet ami qui, au fond, mène la vie dont lui rêvait.

Le texte suit son fil sans aller se perdre dans des digressions inutiles, la mise en scène est enlevée, sauf peut-être pour le tableau sous la cloche, un peu plus emprunté. J’ai eu plaisir à retrouver le jeu des trois premiers rôles, à retrouver des références personnelles, de ces petits souvenirs qui font qu’on hoche la tête, parce que.. c’est vrai, ils ont raison ! Je voyais Lionnel Astier, je voyais Jean-Pierre Marielle, immense. Je voyais Frédéric Bouraly, je voyais le fils que Jean Gabin et Pierre Richard auraient rêvé d’avoir (OK, le petit fils).

La leçon de la pièce ? Ca nous arrive à tous de dire quelque chose qu’on n’aurait pas du dire, de le regretter à peine les mots prononcés. Mais le reconnaître sur le moment, se déjuger, voire s’excuser, ça, c’est plus dur. Et c’est dommage, c’est le meilleur moment pour le faire, pour en rire. Sinon… le doute s’installe. Et quand le doute s’installe, la panique n’est pas loin, la catastrophe pointe son nez.

À voir en famille, en couple, avec un client qu’on veut honorer sans le choquer, quand on a envie d’une bouffée d’oxygène.

Au théâtre Rive Gauche – du mardi au samedi à 21h00, dimanche 15h00

Avec : Lionnel Astier, Raphaëline Goupilleau, Frédéric Bouraly, Julien Kirsche, Esther Moreau, Philippe Maymat
Texte : Sébastien Blanc et Nicolas Poiret
Mise en scène : Jean-Luc Moreau

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