Dom Juan vieillissant face à ses démons, l’idée est bonne, son traitement sous la forme d’un dialogue Dom Juan – Sganarelle ne m’a pas convaincu. Il m’a surtout convaincu qu’il y a là la matière à un superbe seul en scène, il reste à écrire.
Dom Juan a vieilli, il est aux portes de la mort, il voit défiler le souvenir – ou est-ce le cauchemar ? – de ceux qu’il a pu croiser dans sa vie, ou du moins dans celle que Molière a conté de ses trois derniers jours. Je trouvais l’idée intéressante, me demandais ce qu’elle pouvait donner. L’idée première, en entrant dans la salle, en voyant Dom Juan dans la pénombre, était qu’il était face à son psy.
Dom Juan a vieilli, il entame un dialogue avec Sganarelle. Ce n’est pas très raccord avec le Dom Juan de Molière, qui meurt à la fin de la pièce, passons. Non, ne passons pas, le texte est la grande faiblesse de la pièce, il laisse deviner ce qu’elle aurait pu être si…. mais qu’elle n’est pas. Dom Juan est là, il entame un dialogue avec un Sganarelle empoté, inutile et inexistant. Jusqu’à la disparition de Dom Juan – à nouveau ? – qui laisse Sganarelle se lamenter sur ses gages – il ne sait donc faire que ça ?
Malgré la solidité de Patrick Rouzaud qui donne un Dom Juan vieilli très crédible face à un Sganarelle emprunté, la pièce fait long feu. Pas long feu. On sent, pas très loin, le monologue qu’elle aurait pu être, la portée des petits trucs imaginatifs de la mise en scène, s’il n’y avait pas eu à gérer la place de… Le coup part, il est mal réglé, l’azimut est bon, la hausse est trop courte.
Une mention spéciale pour les choix musicaux de Sonia Ouldammar – j’ai demandé la play list, oublié de la noter – des musiques très sensibles, très adaptées à l’instant, qui tirent la pièce vers le haut.
Baroudeur et Fléchette ont eu du mal à suivre, qui ne connaissent pas par cœur la pièce de Molière.
Au Théâtre de Naples jusqu’au 3 mars 2018 – vendredi et samedi à 20h00